RESUME : Aziza-Zizou n'a pas le choix. Elle se rend à son village natal en payant un taxi clandestin au prix fort car personne n'ose s'y rendre. Le village est abandonné. Les maisons ont été dépouillées de leurs portes et fenêtres. Seules les traces de sang ont résisté au temps La vue du sang ramène de vieux souvenirs en elle. Elle n'a pas besoin de fermer les yeux pour revoir les images horribles. Sa grand-mère, sa mère et ses tantes baignant dans leur propre sang. Elle se rappelle leur nudité qu'elle avait cachée avec les couvertures. Elle ignore combien de temps, elle est restée figée à l'entrée du salon. Le coup de klaxon la ramène à la réalité. Elle se rappelle lui avoir promis de ne pas tarder. Elle n'a pas le choix. Elle entre dans le salon et fouille dans les tiroirs du bahut. Elle y trouve les papiers de son grand-père et ceux que son père avait apportés. Elle lit les prénoms des chers disparus. Et elle pleure… - Hé ! Vous venez ou je pars sans vous ! dit le chauffeur en la faisant sursauter. Je ne voulais pas vous effrayer ! Aziza Zizou essuie ses larmes puis baisse sa casquette. Après un bref regard sur les autres pièces, elle retourne dans le taxi. Il démarre aussitôt. - Ça va mieux ? - Oui… Déposez-moi à la mairie, le prie-t-elle. Aziza-Zizou règle la course avant même d'arriver. Elle a hâte d'en finir. Elle est encore toute bouleversée d'avoir revu le village et la maison de ses grands-parents où toute sa famille a trouvé la mort. En passant devant la maison des voisins, elle s'est rappelée s'être retrouvée le visage, les mains et son pyjama salis de leur sang ? C'est ce qui lui a peut être sauvée la vie ? Le terroriste l'avait crue morte… Mais dans le fond, elle se demande si la petite fille n'était pas morte ce soir-là. L'agent à qui elle s'adresse à la mairie connaissait son père. Il est ému de “le” voir. - Je croyais que ces fils étaient morts, dit-il. - Non… Je suis bien vivant, réplique-t-elle. Puis-je avoir un acte de naissance ? - Bien sûr… L'agent saisit le livret de famille puis consulte le registre. - Il faut corriger cette erreur, lui dit-il, en te rendant chez le juge… - Oui, oui, j'irai, promet-elle. Seulement, j'ai besoin de mon acte de naissance ! - Je ne peux pas l'établir… J'ai besoin d'un document officiel, dit l'agent. Comprenez que … - Je vous en prie, insiste Aziza-Zizou. Aidez-moi… Si je ne prouve pas qui je suis, je vais me retrouver dans la rue ! Faites-le… Si un jour, vous avez eu un peu de respect pour mon père… L'agent regarde autour de lui, hésitant à prendre le registre. - Promettez-moi de régulariser votre situation ! - Promis ! Le cœur serré, au bord des larmes, elle le regarde l'établir. Le temps de le saisir et de le glisser dans sa poche, la voilà repartie après l'avoir remercié chaleureusement. Aziza-Zizou rentre chez Abderrahman, le cœur en partie apaisé. Elle allait pouvoir avoir des papiers. Elle monte à la chambre d'ami et là, en entrant, elle aperçoit son sac ouvert. Quelqu'un a fouillé et à la vue du paquet de serviettes hygiénique, elle devine que son secret a été percé. Houria ne tarde pas à la rejoindre. Elle a des questions à lui poser… ADILA KATIA (à suivre)