Alors que Tony Blair s'apprête à quitter le 10 Down Street pour céder la place à Gordon Scott, la vraie cheville ouvrière des travaillistes britanniques, des responsables militaires britanniques préparent le retrait complet d'ici mai 2008 des troupes britanniques d'Irak. L'information a été annoncée par le sérieux Sunday Telegraph londonien. “La Grande-Bretagne n'est pas capable physiquement de se battre à la fois en Irak et en Afghanistan. Lequel des deux conflits quitter ? Le gouvernement et des responsables de la défense ont décidé qu'“il fallait quitter l'Irak”, a déclaré au journal un responsable militaire sous le couvert de l'anonymat. Selon la même source, un accord a été même trouvé sur un calendrier et le retrait des troupes sera complet d'ici les 12 prochains mois. Cette décision confortera ainsi le successeur de Blair qui, lui, est toujours resté prudent sur l'alignement de la Grande-Bretagne derrière l'administration américaine. Le suivisme de Blair lui a valu le quolibet de “caniche” dans la presse britannique et, au fur et à mesure, de l'enlisement des Américains en Irak. Il devait finir lui aussi par admettre le retrait des forces anglaises et, pour ne pas indisposer Washington, il s'était opposé à toute idée de calendrier, affirmant que le rappel de retrait de ses troupes serait dicté par les évènements sur le terrain. Lors de sa dernière visite en Irak à la mi-mai, Blair a défendu à nouveau l'engagement de la Grande-Bretagne dans ce pays aux côtés des Etats-Unis, en dépit du désaveu grandissant de la population britannique. Quelque 7 100 soldats britanniques sont encore déployés en Irak, en particulier autour de Bassorah, deuxième ville du pays au sud de Bagdad, où ils sont la cible d'attaques des milices chiites hostiles à leur présence. Le contingent britannique devait être réduit de 1 600 hommes d'ici la fin de l'année. Pour ne pas mettre en question l'Atlantisme, déjà fortement interpellé par le projet de parapluie antimissiles que l'administration américaine veut établir dans l'Europe du Centre pour, soi-disant, parer à toute attaque nucléaire iranienne ou nord-coréenne — mais que Moscou considère comme un casus belli —, la hiérarchie militaire britannique s'engage à renforcer la présence de la Grande-Bretagne en Afghanistan, où elle compte plus de 6 000 soldats. D. Bouatta