L'affaire de la fermeture de la Radio Caracas Télévision RCTV vénézuélienne a pris une dimension mondiale. Du Sénat américain jusqu'au Parlement européen, la communauté internationale a condamné le gouvernement vénézuelien pour non-renouvellement de la concession hertzienne de la chaîne de télévision RCTV, premier média privé au Venezuela. Cependant, cette décision a été interprétée, également, comme une restriction et une censure de liberté d'expression. “La fermeture de la chaîne télévision RCTV est une affaire interne qui implique le gouvernement vénézuélien et le groupe de télévision privée. On ne comprend pas pourquoi elle a pris une dimension internationale”, a déclaré, hier, £M. Michel Mujica, ambassadeur de la République Bolivarienne du Venezuela, lors d'une conférence de presse tenue à l'ambassade. Il a expliqué que le gouvernement de Chavez n'a pas fermé la Chaîne 8, mais il a refusé de reconduire la concession hertzienne de RCTV. Comme la loi le prévoit, sa fréquence et sa couverture nationale reviennent au service public à la fin de l'échéance de la concession, dont la chaîne bénéficiait, si elle n'est pas renouvelée. “L'article 157 de la Constitution préserve la liberté d'expression et d'exploitation de l'audiovisuel, cette décision n'a rien à voir avec le non-respect de la liberté d'expression. La concession de la Chaîne 8 octroyée il y a 20 ans est arrivée à la fin de son échéancier le 27 mai 2007, et le gouvernement vénézuélien, souverain, dans le cadre de la loi et de la Constitution, a décidé de ne pas la renouveler. Car RCTV ne remplissait pas les conditions pour recevoir de nouveau la concession de l'Etat. Cependant cette concession ne concerne que la fréquence hertzienne, la chaîne pourra donc continuer à émettre à travers le réseau câblé et le satellite. L'entreprise n'est en aucun cas fermée”, a-t-il précisé. Notre interlocuteur a fait remarquer que le président Hugo Chavez a fermé les yeux sur les dérapages de la Chaîne 8 tels que le non-respect de son cahier des charges, la loi des télécommunications, la publicité clandestine, les messages subliminaux durant ses programmes pour les jeunes, diffusion de films pornographiques et le non-respect des quotas de production nationale. Enfin, la RCTV a, à elle seule, collectionné 650 infractions durant l'année 2006. “La Chaîne 8 n'a pas cessé de dénigrer la politique du gouvernement bolivarien. Elle a ouvertement montré son hostilité à l'égard du président vénézuelien dès son arrivée au pouvoir en 1999. RCTV n'a pas cessé de remettre en cause la légitimité du gouvernement, le soutien populaire dont il bénéficie indéniablement, elle a même tenu des propos racistes envers le président. Quelle est cette démocratie qui aurait renouvelé la concession d'une telle chaîne télévisée”, s'interroge-t-il. Depuis sa première élection à la présidence en 1988, Chavez n'a fermé aucune station de radio ou de télévision ni poursuivi aucun journaliste contrairement à ses prédécesseurs sociodémocrates ou démocrates chrétiens, qui ont fermé cette chaîne pour une durée de 24 heures à 3 jours en 1976, 1980, 1981, 1989 et 1991. Il est à signaler que 78% des médias vénézuéliens appartiennent au secteur privé. Nabila Afroun