Le nouveau Chef du gouvernement devra trancher sur le dossier relatif à l'augmentation des tarifs de gaz et d'électricité. Il n'y a rien de nouveau concernant le dossier augmentation des tarifs de l'électricité. Le gouvernement n'a toujours pas pris de décision dans ce sens. C'est ce qui a été avancé par le P-DG de la Sonelgaz, M. Bouterfa. Une telle situation risque de compromettre le programme d'investissement tracé par l'entreprise d'ici à 2010. Les prix de consommation pratiqués actuellement n'arrangent guère les affaires de la société nationale. Une hausse ne sera que la bienvenue d'autant plus que Sonelgaz a besoin d'un financement conséquent pour concrétiser ses projets. “En 2006, nous avons eu des difficultés à obtenir des financements car nos besoins financiers dépassaient le ratio prudentiel des banques publiques”, expliquera M. Bouterfa. En fait, même cette augmentation des prix ne résoudra pas le problème car, précisera-t-il, l'entreprise a besoin de finances à exploiter sur place, c'est-à-dire, payer cash les montants que nécessitent ces projets. Il demande à ce que l'Etat trouve ainsi un mécanisme pour faire face à l'enveloppe de 97 milliards de DA/an d'investissements. Le P-DG avouera, toutefois, que la BNA a reçu, pour ces financements, des garanties de la part du Trésor public. Aujourd'hui, relèvera M. Bouterfa, le problème réside dans la capacité de rembourser les crédits et non leur obtention. “Cette contrainte sera fatalement différée, mais elle fera l'objet d'un traitement par les pouvoirs publics. Cette question sera certainement rediscutée avec notre propriétaire qui est l'Etat. Des solutions existent”, ajoutera-t-il. “La loi permet à l'Etat de procéder à une dotation au profit de notre société”, suggérera-t-il encore. Au cours de la conférence de presse qu'il a animée hier sur le bilan de son entreprise, M. Bouterfa tient à rassurer les citoyens quant à la disponibilité de l'énergie d'ici à 2010. Dans sa présentation du bilan de l'exercice 2006, le P-DG a indiqué que le niveau des investissements et le gros entretien du groupe, abstraction faite des filiales périphériques et travaux, a enregistré une évolution relativement importante de 13% par rapport à 2005. “Les dépenses de la filiale Sonelgaz production de l'électricité ont évolué de plus de 62% compte tenu du programme d'urgence de renforcement du parc de production”, dira M. Bouterfa. L'année 2006 s'est soldée, selon lui, par un résultat consolidé du groupe (hors filiales périphériques) de 16 milliards de DA soit une hausse de 5% en comparaison à 2005. Cela est essentiellement dû à la baisse significative du déficit hors exploitation de moins de 262 millions de DA contre 1,4 milliard de DA en 2005. Le niveau global de l'endettement de Sonelgaz se situait à fin 2005 à 148 milliards de dinars. Cependant, “un tel résultat, qui sera totalement réinvesti au cours de cette année, ne sera probablement pas réédité en 2007 et les années suivantes de par l'ampleur des besoins pour faire face aux pointes de remboursements contractés afin de boucler notre plan d'investissements d'ici à 2010”, reconnaîtra le premier responsable de Sonelgaz. Sur un montant de 450 milliards de dinars à investir d'ici à 2010, la compagnie va assurer un autofinancement de 30 à 35%. Il affirmera que des efforts considérables sont déployés afin de réduire les coûts et récupérer les créances et les pertes non techniques, mais cela reste insuffisant pour assurer le financement du plan d'équipement prévu à l'horizon 2012-2015. Les charges totales nettes se sont également élevées à 97,5 milliards de DA, soit en hausse de 18% en comparaison à 2005. “Cette importante augmentation s'explique, notamment, par les achats d'électricité auprès des producteurs indépendants tels que Kahrama et SKS et la hausse à raison de 5%/an du prix d'achat du gaz naturel à Sonatrach. Les frais financiers générés par les emprunts obligataires mobilisés en 2006 qui augmentent de 21% par rapport à 2005 ont été aussi à l'origine de cette hausse”, arguera-t-il. Sur un autre registre, le P-DG a souligné que la satisfaction de la demande de la clientèle s'est effectuée dans des conditions acceptables grâce à une mobilisation accrue des moyens de production et aux transferts de 8 groupes de M'sila à Naâma. La puissance maximale appelée sur le réseau interconnecté enregistrée le 8 janvier 2006 était de 6 075 MW, en hausse de 2,3% en comparaison à 2005. La production totale d'électricité a atteint 35 GWh en 2006, en évolution de 4,1% par rapport à 2005. Cette production a été assurée à 82,7%, soit 28,88 GWh par la filiale Société de production d'électricité (SPE). M. Bouterfa a évoqué, en outre, l'accroissement de 190 500 clients basse pression en 2006 en gaz, en hausse de 5,2%. En électricité, il a été enregistré un faible apport de 222 644 clients nouveaux de basse tension, en baisse de 9,3% par rapport à 2005. REPÈRES - Le total des facturations d'énergie toutes tensions confondues pour l'année 2006 s'est élevé à 28,6 TWh soit 1,3 TWh de plus qu'en 2005, en évolution modérée de 4,7%. - Le total des facturations de gaz à la clientèle toutes pressions confondues est de 58,5 millions de thermies soit en hausse de 6,1%. - Le taux de pertes d'électricité dans le transport est de 4,8% contre 5,1% en 2005. Celles constatées dans la distribution restent élevées avec un taux de 17%. - La formation a touché 276 133 hommes/jours soit 11 798 agents représentant un investissement qui équivaut à 8,2% de la masse salariale et presque 1% du chiffre d'affaires. - La couverture financière du programme d'investissement évalué à plus de 97 milliards de DA est assurée à plus de 31 milliards de DA par la Sonelgaz elle-même alors que le reste, c'est-à-dire plus de 66 milliards de DA, représente les crédits externes, bancaires, emprunts obligataires… soit plus de 66%. - Les créances domestiques sont en baisse de moins de 8% par rapport à 2005. En 2006, elles sont estimées à 8,1 milliard de DA dont 1 milliard de DA représentent celles des archs. Badreddine KHRIS