RESUME : Aziza raconte au spécialiste le drame qu'elle a vécu et pourquoi elle tient à subir cette opération. Dr Aghilès est soulagé par le fait que la haine et la rancune ne l'aient pas rongé depuis. Il veut bien l'aider mais autrement… -Je vais appeler un ami et un confrère, dit Dr Aghilès. Son cabinet est dans la rue d'en face… Avec un peu de chance, il sera là dans cinq minutes ! Il prend son portable et compose un numéro. Il demande à son confrère de passer. Aziza n'a rien perdu de la conversation. Elle est heureuse et soulagée. Même si elle a passé la journée à attendre, ce ne sera pas pour rien. - Vous allez lui demander de vous assister dans l'opération ? - Je lui demanderais de vous aider, répond Dr Aghilès. Il faut que vous compreniez que votre cas est très délicat… Lorsqu'on fait une ablation du sein, c'est parce qu'il y a une tumeur… S'en prendre à une poitrine saine, pour des raisons comme les vôtres… - A l'étranger, c'est une opération courante, remarque Aziza. Il y a ceux qui le font pour changer de sexe ! - Oui, mais vous, après la poitrine, vous voudrez compléter la transformation ? Aziza secoue la tête. Elle n'y a jamais pensé. - Je ne crois pas, répond-elle. Je ne veux plus de ma poitrine parce qu'elle est apparente et qu'elle dévoile ma vraie nature…Même en été, je ne peux pas sortir sans ma veste de sport ! Je veux régler ce problème, définitivement ! On sonne à l'entrée. L'infirmière vient frapper à la porte du bureau et entre sans attendre la réponse du spécialiste. - Dr Hafidh est là, dit elle. Vous l'attendiez ? - Oui… Dr Aghilès se lève et va voir son confrère dans la salle d'attente. Il doit lui expliquer le cas de Aziza avant de parler devant elle. Dr Hafidh est psychanalyste. Il est seul à pouvoir l'aider. L'opération n'est pas une solution. En quelques mots, il lui raconte comment elle a survécu à cette nuit d'horreur. - Elle ne sera jamais satisfaite… A ses yeux, une femme ne peut pas se défendre. Cela fait des années qu'elle joue la comédie, uniquement pour survivre, pour ne pas souffrir. Tu penses pouvoir la convaincre de suivre une thérapie ? - Je l'espère ! Quelques minutes plus tard, lorsqu'elle sait qu'elle ne pourra pas subir l'opération, sa déception est grande. Dr Hafidh tente de la convaincre du bien qu'ils veulent pour elle. - Il y aura toujours une part d'insatisfaction en vous. Les cicatrices que vous porterez vous rappelleront d'autres souvenirs. Le mieux, c'est qu'on parle vous et moi. Vous avez besoin d'un soutien. Je ne dis pas que vous êtes folle et que vous avez besoin de calmants. Juste d'une oreille. Je vous propose mes services de bon cœur. Ce sera quand et où vous voulez… Aziza l'a écouté malgré sa déception. Pour la première fois depuis des années, elle pleure. - Tout ce que je veux, c'est poursuivre ma vie tranquille. J'ai un travail, une chambre…Tout ça, parce que je suis un jeune homme. Si je redeviens moi, je perds tout ! Pourquoi restez-vous indifférents ? Je ne vous ai pas demandé de tuer mais de m'aider ! Je vous en prie ! Les deux spécialistes échangent un regard. Ils s'attendaient à ce qu'elle refuse de les écouter. Mais ce ne sont ni ses larmes ni ses prières qui les toucheront au point où Dr Aghilès reviendrait sur sa décision. - Voilà ma carte, dit Dr Hafidh. Je suis à votre disposition, de jour comme de nuit, insiste-t-il en la lui remettant. Croyez-nous, on ne veut que votre bien… Pour réponse, elle déchire la carte de visite avant de partir… A. K. (à suivre)