“Vu les liens d'amitié qui nous unissent avec les médecins irakiens, il était tout à fait logique et impératif pour nous de nous rendre à Bagdad”, a expliqué le Dr Tilmatine rencontré, hier, au secteur sanitaire de Krim-Belkacem avant se lancer dans le récit de leur péripétie de trois jours passés à Bagdad. “Deux jours d'attente à Amman (Jordanie) et nous avons pu, par la suite, prendre la route vers Bagdad. Une autoroute de 500 km, où déjà les traces de la guerre étaient visibles. Nous avons été frappés par les nombreuses carcasses de véhicules calcinés”, a déclaré le Dr Tilmatine rejoint par le Dr Lakhdari qui a enchaîné : “Avant d'arriver à Bagdad, nous avons été interceptés par un seul barrage militaire américain, qui s'est contenté de vérifier notre identité sans autres tracas, même pour les 35 tonnes de médicaments que nous acheminions vers Bagdad.” A peine arrivée en Irak, la délégation médicale algérienne, une équipe pluridisciplinaire composée de dix personnes (un couple de médecins chirurgiens, un instrumentiste de soins intensifs, un anesthésiste, trois généralistes urgentistes accompagnés de Ould Abbès, président de l'Union médicale algérienne), a été reçue par le ministre irakien de la Santé. Au premier jour, le couple chirurgien a effectué cinq interventions chirurgicales dans les trois grands hôpitaux de Bagdad. “La compétence des médecins irakiens n'est plus à démontrer depuis bien longtemps. Ils ne présentent même pas un déficit en nombre de médecins. Les Irakiens sont habitués à la guerre et maîtrisent parfaitement la situation. Toutes les structures qui servaient pour la médecine froide ont été transformées en blocs opératoires et tout le personnel médical a été mobilisé pour des interventions d'urgence”, a relevé le Dr Lakhdari. “Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre en nous rendant dans un pays en guerre, mais il nous fallait absolument nous enquérir de la situation pour pouvoir situer les véritables besoins”, a confié le Dr Tilmatine convaincu et décidé autant que ses confrères de l'urgence de leur retour à Bagdad. “Nous avons écourté notre séjour pour mieux préparer notre retour et être plus utiles”, dira t-il. Nos médecins repartiront donc dès qu'il leur sera possible. Les hôpitaux irakiens ont beaucoup plus besoin de fil chirurgical, de médecins spécialistes en chirurgie vasculaire et d'infirmières spécialisées dans les brûlures, compte tenu de la nature que présentent les patients. Et de conclure : “Les américains emploient des armes qui non seulement tuent, mais qui font souffrir avant de causer la mort. C'est carrément inhumain, il faut absolument arrêter le massacre…” N. S.