L'entreprise nationale des hydrocarbures Sonatrach s'en tiendra strictement à sa position de disposer de 36% des parts du projet de gazoduc Algérie-Espagne (Medgaz), au cas où la Commission nationale de l'énergie (CNE) espagnole refuse de lui augmenter — sans conditions — ses actions dans le projet, a affirmé hier à Alger le ministre de l'Energie et des Mines M. Chakib Khelil. “Sonatrach a envoyé hier (vendredi, ndlr) un recours à la CNE pour que celle-ci avalise les 10% des actions héritées par l'entreprise après le retrait de BP et Total”, du projet, a déclaré M. Khelil à la presse en marge d'une conférence sur le programme national de distribution publique du gaz. La CNE avait assorti tout accord de sa part pour augmenter les parts de Sonatrach de “conditions contraignantes”, a rappelé le ministre. Selon M. Khelil, la CNE a, dans sa première décision, autorisé l'entreprise algérienne à ne commercialiser, directement sur le marché espagnol, qu'un milliard de m3 sur les trois milliards qu'elle possède dans la société, et l'oblige de l'autre côté à ne pas descendre en dessous de 80% dans ses acheminements de gaz à travers le gazoduc (8 milliards de m3 par an). Pour le ministre, ceci est contraignant et “représente une contradiction dans les décisions de cette commission de régulation”. La même commission, a-t-il relevé, a accordé ces derniers jours à Gaz de France (GDF) l'autorisation de distribuer son gaz en Espagne “sans la moindre restriction et sans même lui demander si elle possédait les parts de gaz qu'elle comptait commercialiser sur le sol espagnol”. Si les blocages venaient à persister, a-t-il dit, Sonatrach opterait pour l'alternative de la liquéfaction de son gaz pour le vendre sur d'autres marchés dans le monde, ce qui rendrait, cependant, le gazoduc Medgaz “économiquement peu rentable”, a noté le ministre. En attendant la décision de la CNE, Sonatrach ne contribuera financièrement au projet qu'à hauteur de 26% et non pas 36%. “À chaque fois qu'il y a une demande de fonds, nous contribuerons à hauteur de 26%, ce qui représente des risques pouvant retarder l'achèvement du projet”, a indiqué M. Khelil. Concernant l'éventuel partenariat entre Gaz de France et Sonatrach, M. Khelil s'est limité à dire que l'Algérie recherche à travers toutes les tractations qu'elle est en train de mener avec les entreprises étrangères “un intérêt économique” et non pas politique. Le gouvernement espagnol avait donné le 25 mai dernier son autorisation à l'exercice par l'entreprise nationale des hydrocarbures Sonatrach des “droits de vote correspondant à sa participation additionnelle de 16%” dans le capital de la société Medgaz, pour la porter à 36%, tout en spécifiant les conditions auxquelles est soumise cette autorisation. Le Conseil des ministres espagnol avait précisé que cette autorisation restera assujettie à l'accomplissement de certaines “conditions” par Sonatrach en tant qu'actionnaire, actuellement majoritaire à 36%. Il s'agira pour la compagnie algérienne d'“effectuer toutes les démarches nécessaires pour réaliser le projet Medgaz et son entrée en service en accord avec ce qui est prévu dans le document de planification des secteurs du gaz et de l'électricité et les révisions y afférentes”. Sonatrach devra aussi “optimiser l'utilisation de la capacité de transport à laquelle Sonatrach s'est engagée dans le gazoduc Medgaz une fois celui-ci mis en service”. Les autorités espagnoles demandent aussi à Sonatrach de “ne pas s'opposer aux propositions de plans économiquement viables d'extension du gazoduc au-dessus de 8 milliards de m3/an, en ligne avec ce qui est établi dans l'article 11 de l'accord souscrit par les actionnaires en date du 21 décembre 2006”. Selon le gouvernement espagnol, la “validité” de l'autorisation est également assujettie au “maintien des statuts sociaux en vigueur et à l'accord (conclu par les) actionnaires”. Sonatrach est aussi dans “l'obligation d'informer périodiquement le secrétariat général de l'énergie de sa participation actionnariale, sa présence dans les organes d'administration de Medgaz et les possibles variations dans les statuts sociaux et dans l'accord des actionnaires de 2006”. Synthèse Agence