Fadéla Amara, devenue mardi secrétaire d'Etat à la Ville dans le gouvernement français, est l'énergique fondatrice du très controversé mouvement Ni putes ni soumises. Elle s'est fait connaître après la mort de Sohane, une adolescente kabyle brûlée vive dans un local à poubelles d'une banlieue de Paris par un jeune prétendant jaloux. Après ce drame, elle avait organisé un tour de France pour dénoncer les violences faites aux filles dans les cités difficiles. Fadéla Amara, devenue mardi secrétaire d'Etat à la Ville dans le gouvernement français, est l'énergique fondatrice du très controversé mouvement Ni putes ni soumises. L'association, marquée proche des socialistes, n'a pas forcément la cote auprès de la communauté immigrée. Pour certains, elle donne des musulmans l'image de machistes bruts prêts à couper la tête de toute jeune fille qui ne se soumet pas à leur loi. Son combat contre la violence contre les filles a fait de Fadéla Amara, un bout de femme volontaire et volubile, une nouvelle star du féminisme, plaidant pour l'égalité, la mixité et contre le voile islamique qu'elle considère comme une “oppression”. Directe, capable de défendre pendant des heures ses positions, elle parle peu d'elle-même, alors que c'est dans sa propre histoire qu'elle a trouvé les raisons de sa colère. Fille d'immigrés algériens, née en France le 25 avril 1964, revendiquant sa pratique musulmane, elle a grandi dans une cité de Clermont-Ferrand (Centre), dans une famille de dix enfants, où la place des filles était à la maison et celles des hommes dehors. Comme beaucoup de filles nées dans les années 1960 de parents immigrés, Fadéla n'avait en tête que de conquérir sa liberté, par les études, par le militantisme. Grande gueule, elle milite dès la première heure, à dix-sept ans, dans une association de quartier, puis participe en 1983 à la “marche des beurs pour l'égalité”, le premier grand mouvement des enfants d'immigrés pour l'intégration. Puis cette génération de filles qui ont gagné leur liberté a vu avec stupeur se développer les violences contre les femmes, dans un contexte de regain de l'islam parmi les jeunes des cités, en majorité d'origine maghrébine. Fadéla, avec quelques autres, lance un “manifeste” contre les violences, au printemps 2002. Puis le meurtre de Sohane lui donne une audience nouvelle. C'est de ce manifeste qu'est né le mouvement au nom délibérément provocateur Ni putes ni soumises. Sans minimiser son rôle dans la prise de conscience par la société du sort des filles des cités, on lui reproche parfois de ne pas être vraiment représentative de leur combat au quotidien et de leurs aspirations. Elle a été critiquée aussi pour son manque de nuance dans sa dénonciation des “barbares des cités”, qui ont parfois contribué à la stigmatisation de ces cités déjà impopulaires. Fadéla Amara avait tout de même défendu ces garçons de banlieue, demandant au président Jacques Chirac de gracier les mineurs incarcérés après les violences urbaines de novembre 2005, comme un “geste de réconciliation” avec les banlieues. Au cours de la campagne présidentielle, elle a réclamé aux candidats des engagements contre la violence à l'égard des femmes. Y. Kenzy