RESUME : L'étreinte a permis à Kamélia de sentir sa poitrine. En la harcelant de questions, elle obtient ce qu'elle veut. Aziza se dit qu'il était temps qu'elle sache la vérité. Elle dévoile sa poitrine. C'est le choc et un déferlement de questions de la part de Kamélia… Kamelia est hors d'elle. Elle n'attend pas que Aziza lui réponde. Elle est en colère et elle l'insulte de tous les noms. Elle n'en revient pas qu'elle les ait trompés durant des années. Elle ne lui pardonnera jamais. - Dire que mes parents te font confiance ! Ils vont tomber des nues lorsqu'ils sauront ! Aziza lui coupe le chemin lorsqu'elle veut se rendre au salon. Elle devine son intention. Kamelia veut appeler ses parents. - Je t'en prie, ne fais pas ça ! Aie pitié de moi. Je ne veux pas me retrouver à la rue, lui dit-elle. Je ne veux pas y retourner. - Tu trouveras sûrement des gens faciles, à berner ! réplique la lycéenne, encore toute retournée par sa découverte. Pourquoi a-t-il fallu que mon père te rencontre et qu'il ait pitié de toi ! - Je suis désolée, sincèrement. Je ne pouvais pas dire la vérité, dit Aziza. Je n'avais pas le choix. Qui voudrait d'une fille, dans une station-service ? - Rien ne pourra t'excuser à nos yeux ! Pourquoi te déguises-tu en garçon ? - Pour être invulnérable, répond-elle tout en refermant sa chemise. Si tu crois que c'est facile pour moi, de vivre ainsi, à mentir à mes bienfaiteurs, tu te trompes ! Mais la vie ne m'a pas laissé le choix ! - On a toujours le choix ! réplique Kamelia. - Si tu me laisses t'expliquer, je sais que tu seras moins dure avec moi ! Aziza ramasse les achats faits en ville. Elle les dépose à la cuisine où Kamelia la rejoint. Elles n'ont aucune envie de manger. - Tu promets de ne rien dire à tes parents ! - Raconte en premier. Mais dis-moi ton prénom, le vrai ! lui demande la jeune fille en s'asseyant à la table. - Je m'appelle Aziza. La jeune fille se met à lui raconter son histoire, depuis cette tragique nuit où tout un village a été massacré. Les survivants, des enfants, n'étaient pas nombreux. Elle était l'une d'entre eux. Elle lui raconte comment elle a été accueillie par une famille et dans quelle circonstance, elle s'est retrouvée à la rue. - Et comment as-tu fait pour vivre dans la rue ? Aziza lui raconte avoir pris l'allure d'un fou, pour avoir la paix. - En plus, j'étais sale, j'étais grognon, raconte-t-elle. Personne n'osait se frotter à moi. C'était ma façon de me protéger. - Oui mais quand tu es devenue plus grande, comment as-tu fait ? Tu ne pouvais plus vivre des restes jetés aux poubelles ! - Rassure-toi, pendant quelque temps, j'ai travaillé au marché, dit Aziza. Je déchargeais les camions puis remballais la marchandise invendue en échange de quelques pièces. Cela me permettait de me nourrir, de me payer un bain. Les vêtements, je les volais au marché… pas celui où je travaillais. - Jusqu'au jour où tu es tombée sur mon père ! - Oui, depuis ma vie a radicalement changé. Je suis devenu Zizou et l'homme de confiance de ton père, ajoute-t-elle. As-tu compris pourquoi je devais impérativement être un garçon ? Et aujourd'hui être un jeune homme ? - Oui mais j'ai du mal, avoue Kamelia. Et ta virilité, si on peut appeler ça, comme ça ? Aziza poursuit et lui explique que la prise des hormones le lui a permis de devenir viril. - Et comment aurais-tu fait si on s'était marié ? l'interroge la jeune fille. - Je priais pour que tu aimes quelqu'un d'autre et que le mariage n'ait jamais lieu, confie Aziza. C'était l'unique moyen d'y échapper. Sinon, j'aurais été contraint à partir, sans donner d'explication. Elles sursautent en entendant une porte claquer. Ami Abderrahman se tient derrière elle. La dernière phrase lui est tombée dans l'oreille, il veut comprendre de quoi elles parlent. A. K. (À suivre)