Après les affrontements qui se sont produits dimanche dernier au quartier sid-El Houari d'oran, faisant 20 blessés du côté des forces de l'ordre, dont 2 officiers et un commissaire et autant du côté des manifestants, un calme précaire a régné hier matin à la place Kleber. Un dispositif sécuritaire important était toujours en place hier aux abords du siège de l'OPGI où les bénéficiaires des 1 000 logements devaient régler leur quote-part qui s'élève de 30 000 à 45 000 DA pour un F2 et F3. Les manifestants avaient tenté d'empêcher le déroulement de cette opération car estimant que de nombreux “indus bénéficiaires” se trouvaient sur cette fameuse liste. Dès lors, certains contestataires réagissant avec colère nous ont déclaré : “Soit nous avons un logement, surtout les plus anciens résidants aux Planteurs, ou bien personne ne l'aura !” Sur place, hier matin, devant les services de l'OPGI, des centaines de personnes, dont des hommes et des femmes parfois très âgées, se sont agglutinées dans des files d'attente, et ce, depuis les premières lueurs de l'aube. D'un côté les hommes et de l'autre les femmes, et les forces antiémeutes organisent et encadrent elles-mêmes l'ordre de passage. Sur le trottoir d'en face, d'autres hommes et femmes attendent eux aussi ; il s'agit de leurs proches. Mais il y a aussi ceux qui, hier, manifestaient et qui n'ont pas vu leurs noms sur la liste du programme de délocalisation des habitants des Planteurs. Pour ces familles munies de la précieuse convocation, la nuit du dimanche a été véritablement une nuit de veille et de peur, comme nous l'explique une jeune femme : “Ceux qui n'ont pas eu de logements nous ont dit que si l'on acceptait de prendre notre logement et de déménager, ils viendraient tout brûler ! Nos hommes se sont organisés pour surveiller toute la nuit avec des bâtons au cas où ils viendraient s'en prendre à nous. Mais ce logement, on l'attend depuis des années, il faut voir où j'habite dans une maison en ruines !” Une forme de rivalité entre deux quartiers mitoyens née de la misère sociale et qui prend les allures d'affrontements. Pour les autorités locales et devant le silence du chef de daïra d'Oran, dont l'intérim est assuré par celui de Bir El-Djir depuis près d'un an, c'est le wali d'Oran qui a tenu à réagir par rapport à ces évènements. Ce dernier considère que les familles qui s'estiment lésées peuvent déposer des recours, expliquant encore que la commission qui a été chargée d'effectuer le recensement était composée d'élus locaux et de techniciens. Le wali a indiqué pour sa part que les manifestants arrêtés avant-hier se sont avérés être des habitants d'autres quartiers, et non celui des Planteurs. Quant à l'opération relogement, elle est fixée désormais pour demain. Ce sont les quartiers Sid-Ali, Hadj Hacène, les Planteurs ou encore les hauteurs de sid El-Houari d'oran qui sont concernés en priorité. Pour rappel, suite aux manifestations de ce dimanche, 14 personnes ont été arrêtées et devaient être présentées pour divers chefs d'inculpation, entre autres trouble à l'ordre public, rébellion, port d'armes prohibitifs, etc. F. Boumediene