Un second recours sera présenté par la partie algérienne à un niveau supérieur en Espagne et devant la Commission européenne. Sur la renégociation des prix du gaz algérien livré à l'Espagne, le différend a été soumis à un arbitrage international à Genève. “Les autorités espagnoles devaient sortir d'une réunion, tenue mardi, d'une décision concernant notre demande sur les quantités de gaz (1 milliard de m3 de plus) à commercialiser en Espagne, mais il n'y a rien eu. Et selon les lois espagnoles, quand il n'y a pas de décision prise, cela veut dire que la réponse est négative. Devant cet état de fait, nous avons décidé de faire un deuxième recours à un niveau supérieur en Espagne ainsi qu'à la Commission européenne”. C'est à travers cette déclaration que le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a fait le point sur le problème que rencontre Sonatrach dans la commercialisation de son gaz en Espagne. Quant à l'autre problème lié aux 36% d'actions exigées par la compagnie nationale dans la société Medgaz, le ministre avouera que les autorités espagnoles ont accepté, mais elles ont ajouté d'autres conditions liées, entre autres, à la gestion de la société. Ce qui a poussé Sonatrach à refuser cette décision et à établir un recours. Les autres actionnaires de Medgaz ont, eux aussi, réfuté cette décision. Le ministre a précisé que la réponse est, à ce propos, attendue pour le mois de septembre prochain. “Tout ce que nous avons demandé, c'est que nous soyons traités de la même manière que n'importe quel opérateur espagnol ou étranger en Espagne, soit pour la commercialisation, soit pour les actions. C'est-à-dire, les mêmes conditions imposées dans l'actionnariat aux autres opérateurs doivent l'être aussi pour Sonatrach. Nous n'acceptons pas de conditions supplémentaires ou discriminatoires, notamment pour le volume de commercialisation”, soulignera-t-il. En ce qui concerne les prix de commercialisation, “nous avons fait appel, il y a à peine trois jours, à un arbitrage international à Genève, tout en poursuivant les négociations entre Sonatrach et Gas Natural. Si nous arrivons à trouver une solution et dégager un accord avant l'annonce du verdict par l'arbitrage international, tant mieux, sinon, nous suivrons la décision de ce dernier”, indiquera M. Khelil. Deux principaux sujets, expliquera-t-il, sont soumis à cette instance : la flexibilité des contrats et le niveau des paiements tarifs. Sur un autre registre, M. Chakib Khelil a affirmé que les prix du pétrole tels que le Sahara Blend algérien, situé entre 72 et 73 dollars US, connaissent une hausse provoquée par la consommation des produits qui tirent le pétrole brut. Celle-ci a, selon lui, augmenté durant l'été et ça fait fonctionner encore plus les raffineries. “Mais, comme il y a une limite de capacités des raffinerie, cela engendrera une tension sur les tarifs des produits qui tirera les prix du brut. Or, les capacités de raffinage ont augmenté. Les raffineries commencent à produire plus de produits. Ainsi, les stocks de pétrole brut sont en train de diminuer. Ce qui créera une forte demande en brut”, arguera-t-il. Les prix vont, de l'avis du ministre de l'Energie, rester à ce niveau actuel pendant l'été. Peut-être pas à 72 dollars, puisqu'il n'écarte pas une légère baisse, mais les tarifs resteront assez élevés. “Dans tous les cas de figure, nous allons achever l'année, j'espère, avec des prix qui ne se situeront pas au-dessous de 60 dollars”, ajoutera M. Khelil qui a annoncé une réunion de l'Opep pour le 11 septembre prochain. Projets de dessalement à Mostaganem et Cap-DjInet : Un coût d'investissement de 360 millions de dollars En termes de revenus, le ministre estime que le même niveau que celui réalisé durant les 6 premiers mois de l'année 2006 sera atteint à la même période de l'année en cours. “Nous avons rattrapé le retard dû aux prix moindres pratiqués sur le marché international durant les premiers mois de l'exercice actuel par rapport à l'année dernière”, expliquera-t-il encore, tout précisant que pour 2007, il y a lieu de prendre en compte les revenus évalués à un milliard de dollars qui proviendront des taxes sur les profits exceptionnels entrées déjà en vigueur. Ces informations, faut-il le souligner, ont été obtenues auprès du ministre en marge de la cérémonie de signature des packages contractuels pour les deux projets de dessalement de l'eau de mer de Mostaganem et de Cap-Djinet. Ces deux projets font partie des 13 autres, un programme initié par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, qui, lors de son achèvement en 2009, fera bénéficier l'Algérie d'une production nationale quotidienne d'eau dessalée de 2,26 millions de m3. La société Algerian Energy Company (AEC) qui met en œuvre ce programme sous l'égide du ministère de l'Energie et des Mines a lancé jusque-là 7 unités. Les deux unités coûteront 360 millions de dollars. Le financement est assuré à 80% par les banques BEA et BNA, et le reste, soit 20%, sont des fonds propres des investisseurs que sont AEC (10%) et le consortium espagnol Inima/Aqualia (10%). L'unité de Mostaganem, dont la réalisation est évaluée à 198 millions de dollars, est dotée d'une capacité de 200 000 m3/jour. La société de projet est dénommée STMM (Chariket Myah Mostaganem). Celle de Cap-Djinet aura une capacité de 100 000 m3/jour et sera confiée à la société créée dans ce sens SMD (Chariket Myah Ras Djanet). Il faut noter que pour les deux sociétés, le consortium espagnol Inima/Aqualia détient 51% des actions et 49% appartiennent à l'AEC. Les prix de l'eau vendue à Sonatrach qui l'achètera pour la céder à l'Algérienne des Eaux (ADE) sont estimés à 72,57 cents/m3 pour l'usine de Mostaganem et à 72,75 cents pour celle de Cap-Djinet. La différence des prix est liée, explique-t-on, à la pression de sortie de l'eau des deux usines. À noter que le différentiel entre le prix économique de l'eau et celui que paye le citoyen sera toujours supporté par l'Etat. Il reste, par ailleurs, trois autres projets dont celui de Makta à Oran, le plus grand au monde d'une capacité de 500 000 m3/jour. Six sociétés ont déjà soumissionné pour l'appel d'offres. L'ouverture des plis commerciaux est prévue pour bientôt. Badreddine KHRIS