RESUME : Fatia ne veut pas priver sa fille de son père. Ce dernier finit par régler une partie des arriérés de la pension alimentaire. Elle se lance dans le commerce. La marchandise s'écoule rapidement. Elle décide de ne pas s'arrêter en si bon chemin. - Tu sais quoi ? On va faire des économies, décide Fatia, une fois qu'elle a une somme importante. On ne peut pas rester dans cette petite chambre. On a besoin d'une cuisine, d'un sanitaire propre à nous ! - Le rêve ! s'écrie Djohar qui a toujours voulu avoir une chambre. Je rêve de tranquillité. Elle voudrait bien réviser sans avoir quelqu'un sur le dos. Pouvoir allumer la radio quand elle fait ses devoirs. - Baisse le son ! Ton oncle est dans la cour ! - Tu pourrais m'acheter un walkman ! la prie Djohar. Comme ça, je ne gênerais personne. - La prochaine fois, promet Fatia. Mais je me demande comment tu peux te concentrer avec de la musique ? - Au contraire, sans elle, je ne peux rien faire ! Fatia apprend qu'il y a une aide pour les personnes nécessiteuses voulant construire une maison. Elle se renseigne et apprend qu'elle peut en bénéficier si elle fournit un dossier. Mais auparavant, elle doit trouver où construire. Ses défunts parents lui ont bien laissé un lopin mais c'est dans un coin reculé du village. Un coin encore inhabité. Un soir, elle réunit ses frères autour d'un bon dîner. Depuis qu'elle s'est lancée dans le trabendo, elle vit à l'aise et elle peut même se permettre de gâter ses neveux et nièces. Ses belles-sœurs sont intriguées. Elles se demandent pourquoi elle a réuni ses frères et pourquoi elles n'ont pas été conviées. - Voilà, je vais avoir besoin d'un petit morceau de terre, leur dit-elle. Je pourrais même échanger le lopin que j'ai hérité contre ce morceau. - Pourquoi ? Tu es à l'étroit ici ? - Il s'agit d'avoir un toit bien à moi et à ma fille, répond-elle. Aujourd'hui, vous acceptez notre présence mais mes neveux risquent de ne pas nous supporter. Alors que je serais vieille et que ma fille sera en âge de se marier… - Personne n'osera s'élever contre toi, promet Mouloud. Tu n'as pas de souci à te faire ! - Non, je préfère éviter tout problème. Donnez-moi juste quelques mètres carrés, les prie-t-elle. Après, je prépare mon dossier et je vais construire une petite maison. C'est tout ce que je vous demande. Un petit bout de terre avec un papier. Ses frères ne donnent aucune réponse. Ils doivent réfléchir à la question. Lorsqu'ils mettent leurs femmes au courant toutes sont d'accords. - Donnez-lui un morceau. Fatia sait bien qu'ils en parleraient à leurs femmes. Elle devine leur empressement à se débarrasser d'elle et à ne plus l'avoir à la maison. Le lendemain, Mouloud lui apprend qu'elle aura ce qu'elle veut et qu'il est même prêt à l'aider. Fatia et Djohar sont folles de joie. Quand elles se rendent sur le morceau qu'il vient de leur promettre, elles ne peuvent s'empêcher de prendre une feuille et d'imaginer le plan de leur maison. ADILA KATIA (À suivre)