Notre pays est classé troisième fournisseur du marché européen, et il est qualifié de partenaire fiable depuis plus de 30 ans. Le mégaprojet algéro-nigérian “Trans-Saharan Gas Pipeline” (TSGP), le gazoduc transsaharien, devra permettre de récupérer le gaz à partir du sud du Nigeria et le transporter vers le Nord, d'alimenter cette zone et de créer des activités liées à l'énergie et de toucher le Niger qui est dépourvu de ressources énergétiques. Il sera de même du Sud algérien vers le Nord. Une étude économique, d'environnement et de risque a été réalisée par un bureau d'études anglais, sur initiative commune de Sonatrach et la compagnie nigériane. Cette étude a déterminé la rentabilité globale du projet qui doit relier le Nigeria à l'Algérie et à l'Europe via le Niger. Ce projet est inscrit dans le cadre du Nepad (nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique). Le TSGP va transporter annuellement entre 20 et 30 milliards de m3. C'est un gazoduc transafricain qui verra, selon le P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, la participation de plusieurs partenaires et actionnaires dont les compagnies pétrolières, des institutions financières et des clients. C'est dans ce sens, d'ailleurs, que le projet fait l'objet d'une promotion à Bruxelles. Pour cela, le ministre de l'Energie et des mines M. Chakib Khelil s'est rendu dans la capitale belge afin de s'adresser à quelque 300 personnes invitées dont des représentants de sociétés internationales, des clients potentiels du gazoduc… afin de les attirer et les convaincre quant à l'intérêt de ce mégaprojet. “Outre la rentabilité économique en tant qu'actionnaire, Sonatrach, qui est un producteur de gaz, va bénéficier de l'apport de ce gazoduc (de ce gaz) tant pour son propre réseau national puisqu'il partira du sud vers le nord, traversera vers Hassi R'mel pour enfin aboutir au nord, soit à Béni Saf ou El-Kala”, expliquera M. Meziane. Il aura également, ajoutera-t-il, un impact sur le marché européen dont les besoins en gaz sont très importants surtout à l'horizon 2015, date fixée pour la mise en production de ce gazoduc. Le TSGP se veut, en effet, une connexion directe via le Niger vers l'Europe qui demeure un marché très demandeur et énergétivore dans les quelques années à venir. Il faut noter que l'Algérie détient plus de 15% de parts sur le marché européen du gaz. Notre pays est classé troisième fournisseur de l'Europe et qualifié de “partenaire fiable depuis plus de 30 ans”. D'autres marchés s'ouvrent néanmoins à l'Algérie à l'image des marchés américains et nord-européens à travers le GNL et asiatiques. “Cet apport de l'Algérie en gaz à partir du sud consolidera davantage sa position sur les marchés internationaux en assurant un approvisionnement qui sécurisera le marché européen”, indiquera-t-il aussi. Parallèlement à la réalisation de ce gazoduc, il est prévu la poursuite de la transsaharienne entre l'Algérie et le Nigeria, la mise ne place de la fibre optique pour les télécommunications d'une longueur de 4 000 km. Outre sa longueur de 4 188 km, dont 2 310 km sur le territoire algérien, 1 037 km au Nigeria et 841 km au Niger, et près de 18 stations de compression ; le coût de ce titanesque projet est de l'ordre de 10 milliards de dollars. Marché européen de gaz : l'Algérie détient 15% de parts “Un financement qu'on doit trouver sur le marché international”, indiquera le P-DG de Sonatrach sur les ondes de la radio chaîne III. Le gazoduc est viable “économiquement, socialement et écologiquement”, ont affirmé, hier, à Bruxelles de nombreux participants au séminaire de lancement de ce mégaprojet. Au plan économique, il va assurer un appoint considérable aux besoins énergétiques de l'UE, dont la dépendance en gaz sera de 85% en 2030, en raison de la croissance de la demande (1,9% par an jusqu'en 2020 au moins), et le déclin de la production interne de l'Europe, selon les indications fournies par le commissaire européen à l'énergie, M. Andris Piebalgs, devant l'assistance. L'Europe importera 330 milliards de m3 de gaz en 2010 (pour une consommation de 536 milliards de m3), ce qui nécessitera des investissements importants en matière d'infrastructures de transport, des stations de compression et des terminaux. Le projet permettra également de soutenir la politique européenne de développement durable grâce à la récupération du gaz en grande partie torché actuellement au Nigeria et réduire ainsi l'émission de gaz à effet de serre. Par ailleurs, l'UE, selon Piebalgs, encouragera les institutions financières internationales dont la Banque européenne d'investissement à se lancer dans ce projet, une fois “précisées les modalités d'accès à ce projet”. Le projet du TSGP a été considéré par la banque mondiale et par la commission économique de ONU pour l'Afrique comme “viable” et confortant la “position de l'Afrique comme source d'approvisionnement stratégique pour l'Europe”, a affirmé pour sa part le ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil. Il a, pour cela, invité les participants à cette conférence de Bruxelles à s'engager dans la concrétisation de ce projet “symbole de la coopération internationale aux retombées économiques majeures pour les deux régions concernées”. Badreddine KHRIS