Le géant gazier russe Gazprom ainsi le groupe pétrolier français Total sont intéressés à participer au projet du gazoduc Trans-Saharan Gas Pipeline (TSGP) devant relier le Nigeria à l'Europe via le Niger et l'Algérie, ont indiqué des responsables de ces groupes lors d'une conférence à Abuja. En effet, une rencontre a regroupé, il y a quelques jours, à Abuja, des responsables des compagnies pétrolières de l'Algérie, du Niger et du Nigeria. Les trois pays peaufinent la première mouture du mémorandum d'accord qu'ils devraient bientôt signer, en gage de leur engagement pour la concrétisation de cet important projet, en attendant la signature de l'accord de joint-venture. "Nous avons ici l'opportunité d'offrir certaines solutions que nous avons mises au point. Nous avons de l'expérience dans la gestion de tels projets à large échelle", a indiqué Vladimir Ilyanin, directeur de Gazprom au Nigeria. Le responsable russe a toutefois ajouté que les prix du gaz devraient être plus élevés que les niveaux actuels pour que le projet de gazoduc transaharien soit viable. Le chef de Total au Nigeria, Guy Maurice, a également déclaré que son groupe était intéressé par ce projet. "Je profite de l'occasion pour dire publiquement que Total est prêt à prendre part à ce projet", a affirmé M. Maurice. Le responsable de Gazprom a souligné que son groupe avait "déjà travaillé avec Total sur plusieurs projets et qu'il ne voyait pas de raison de ne pas être capable de faire de même sur celui-ci". La concrétisation de cette infrastructure, nécessitant un investissement de 13 milliards de dollars, est classée comme "projet prioritaire" dans le programme du Nepad, eu égard à ses retombées économiques dans les pays de transit et leur voisinage. En effet, le Centre et le Nord nigérians, comme le Grand Sud algérien, régions dépourvues d'infrastructures gazières, bénéficieront grâce au TSGP de l'approvisionnement en gaz tandis que le Niger, pays de transit, et les pays limitrophes tels que le Mali et le Burkina Faso, pourront tirer profit de la proximité de cette source d'énergie. Ce projet de gazoduc intercontinental d'envergure mondiale est d'une longueur totale de 4 128 km dont 1 037 km traverseront le territoire du Nigeria, 841 km parcourront le Niger et le plus long tronçon, 2 310 km, traversera l'Algérie jusqu'à la côte méditerranéenne. Le projet, qui prévoit également la construction d'une vingtaine de stations de compression, aboutira, sur sa partie onshore, soit à Beni-Saf à l'Ouest ou El-Kala à l'Est, précise-t-on de même source. Le potentiel de 20 à 30 milliards de m3 de gaz nigérian est destiné, notamment, à contribuer significativement à la couverture du déficit gazier de l'Union européenne. La mise en gaz du pipeline se fera, selon Sonatrach et NNPC qui supervisent le projet, très probablement à partir de 2015. Ce timing permettra un positionnement renforcé du gaz africain sur le marché européen dont les projections de développement prévoient un déficit notable à partir de 2015. L'Algérie confortera sa position à cette échéance, en devenant aussi un pays majeur de transit d'hydrocarbures vers l'Europe. L'Algérie est le 3e fournisseur de gaz de l'Europe et avec les nouveaux gazoducs Medgaz et Galsi, les exportations vont considérablement augmenter. S'y ajoute l'extension du gazoduc qui lie l'Algérie et l'Italie via la Tunisie, ce qui placera notre pays au 2e rang des fournisseurs de l'Europe, à un niveau très proche du premier fournisseur, la Russie. Yacine B.