Pour M. Hadj Aïssa, expert, le béton utilisés dans certaines constructions était 30% moins résistant par rapport à la norme. Le procès sur le séisme de Boumerdès s'est poursuivi hier avec l'audition des témoins, notamment des experts et des membres de la commission ministérielle mise en place par le ministère de l'Habitat au lendemain du séisme. Et c'est toujours le dossier des 132 logements de Zemmouri qui continuait à être examiné par le tribunal. Le premier appelé à la barre est M. Hadj Aïssa Omar, expert, qui a indiqué que de nombreuses incohérences ont été relevées, entre autres la mauvaise conception parasismique du projet par le bureau d'études, la mauvaise qualité du béton, le ferraillage inapproprié aux étages supérieurs, l'absence de notes de calcul, le permis de construire délivré après le démarrage du chantier et la réception des bâtiments A et B sans l'avis du CTC. Le procureur interpelle M. Hadj Aïssa en lui disant : “Si vous reconnaissez qu'il y a mauvaise qualité du béton, cela veut dire qu'il y a tricherie ?”“Je n'ai pas dit ça”, répond l'expert. Ce dernier poursuit que l'opération du prélèvement et du transport des échantillons a été menée par les entrepreneurs eux-mêmes. “Ce qui laisse entendre que le béton analysé par le laboratoire n'est pas forcément celui utilisé pour la construction de ces bâtiments”, précise M. Hadj Aïssa qui ajoutera, plus tard, que la consistance du béton armé utilisé était de 133 bars, soit 30% de moins que la norme. Le président du tribunal revient ensuite sur les fameux bâtiments A et B dont les résultats des fouilles n'auraient pas été réceptionnés par le CTC. “Nous n'avons pas à ce jour les résultats complémentaires des analyses effectuées par le CTC sur les fouilles des deux bâtiments”, affirme l'expert avant de préciser que le PV de réception contient uniquement l'avis du maître de l'ouvrage et celui du bureau d'études. Le procureur de la République intervient pour interroger M. Hadj Aïssa : “Est-ce que les bâtiments se seraient effondrés si les règles parasismiques de 1999 avaient été appliquées sans les défauts mentionnés ?” “Non, ils ne se seraient pas effondrés”, répond l'expert. Mais il se contredira plus tard en répondant à la même question posée par un avocat et reprise une deuxième fois par le procureur puisqu'il affirme : “Il est (probable) que les immeubles en question auraient présenté des fissures et peut-être... se seraient-ils effondrés même si les normes de 1999 avaient été respectées (!)”. Un avocat intervient pour demander si l'acier et le ciment importés répondaient aux normes. Un autre enchaîne pour interpeller M. Hadj Aïssa sur le rôle défini à la commission ministérielle. “Le ministre vous a donné toute la liberté pour agir, mais vous n'êtes pas allé au bout de vos investigations puisque les fouilles de béton n'ont pas été effectuées comme il se doit.” L'expert répond : “On ne peut pas mettre devant chaque maison un Poclain pour extraire tout le béton.” Et d'ajouter que la commission qui avait un délai de 30 jours pour faire son travail d'investigation a consacré 20 jours pour réunir les documents. Une avocate demande à l'expert : “Est-ce que les échantillons prélevés après la catastrophe provenaient réellement des bâtiments effondrés ? Lequel des deux entrepreneurs est concerné par ces prélèvements puisque le site des 132 logements comprenait deux projets, un de 72 logements et l'autre de 60 logements ?” Dans la séance de l'après-midi, c'est le dossier des 80 logements de Zemmouri qui a été ouvert avec les mêmes chefs d'accusation et presque avec les mêmes inculpés puisqu'on retrouve l'ex-P-DG de l'OPGI. Selon l'arrêt de renvoi, ce projet présentait les lacunes suivantes : défaut d'exécution, manque et absence de contrôle, non-application de la réglementation pour la prise de décision. M. T.