RESUME : Fatia évite de justesse la confrontation avec son frère. Elle jure de ne plus recommencer. Elle demeure inquiète quant à Keltoum. Son fils est sa raison de vivre. Elle demande à Djohar de lui parler, sa mère est aussi malheureuse que lui. -Qu'est-ce qui te dit qu'elle ne se plaît pas dans son malheur ? demande Samir à Djohar lorsqu'elle lui parle de l'état de sa mère. - Il faut la voir pour le croire, répond celle-ci. Elle est vraiment malade de chagrin. - Elle ne fait rien pour arranger les choses, dit Samir. Il faut toujours qu'elle ait raison, même quand elle a tort. - Mais c'est ta mère ! - N'empêche qu'elle exagère ! Je suis sûr qu'elle n'est pas souffrante. Elle fait tout pour me donner mauvaise conscience. Et ça ne marche pas ! - Tu devrais voir les choses autrement, suggère Djohar. Il suffit que tu le veuilles, tous les problèmes peuvent se résoudre. Moi aussi, je suis enfant de divorcés et cela ne m'empêche pas d'être optimiste ! On est en train de construire une maison. D'ici quelques années, on sera tranquille. - Cela n'arrivera pas à moi et à ma mère ! Avec quoi on le ferait ! Djohar hausse les épaules. Elle n'a pas à lui dire comment. À lui de se débrouiller. - Ecoute, au lieu de passer ton temps à t'apitoyer sur toi-même, sers-toi de ta cervelle ! Et elle le laisse planté là n'en revenant pas de son aplomb. Elle ne manque pas de toupet. Lorsqu'elle rentre chez elle et qu'elle met au courant sa mère, celle-ci plaint sincèrement Keltoum. Son fils aurait été dégourdi et se serait servi de son intelligence, ils ne seraient pas dans cette situation. En plus de ne pas soutenir moralement sa mère, il se plaisait à se morfondre sur son sort. - Il pourrait se secouer ! Il est assez grand pour savoir comment s'y prendre ! Fatia et Djohar auront tellement à faire les semaines et les mois suivants que c'est un sujet qu'elles abordent rarement. La fille se consacre à l'examen du BEM et Fatia, non seulement est accaparée par les travaux, mais elle s'et aussi mise à la couture. Elle continue aussi de vendre des articles féminins. Le bénéfice est englouti dans l'achat de matériaux de construction. Il y a des jours où elle a l'impression qu'elle n'en verra pas le bout. Elle a cru que l'aide de l'Etat suffirait en grande partie. Mais l'argent a à peine suffi aux fondations. Certes, elle en est à préparer la dalle. Le fait que les maçons ne travaillent que le week-end ne l'arrangent pas. Mais il ne peut pas en être autrement car ils travaillent gratuitement. - Si je réussis au BEM, donnerais-tu une fête ? Fatia sait que ses nièces auront une fête en cas de réussite. Elle se voit dans l'obligation de refuser. Elle n'a pas les moyens. Djohar en est toute peinée et lui en veut beaucoup. A. K. (à suivre)