Le ministère des affaires religieuses a entrepris un assainissement de tout ce qui est support religieux (livres coraniques, cassettes audio, cassettes vidéo et CD). Cette opération est menée sur deux fronts. “En contrôlant tout ce qui existe comme livres, CD et cassettes à l'intérieur du pays et en contrôlant également tout ce qui peut entrer comme supports religieux de l'extérieur du pays”, explique Abdallah Tamine, chargé de la communication au ministère des affaires religieuses, contacté, hier, par téléphone. Une des mesures phase prises par le département de Ghoulamallah est de soumettre l'importation de tout support religieux à un minutieux contrôle. “Si une personne ambitionne d'importer des livres à caractère religieux, il faut savoir qu'au niveau du service des douanes, il y a saisie de son produit et dans le même temps un échantillon de ce produit est soumis à une commission de lecture spécialisée du ministère des affaires religieuses pour vérifier sa conformité avec la réglementation algérienne”, note notre source. Dans le cas où le produit importé serait conforme à la réglementation, le ministère des affaires religieuses délivre à l'importateur en question une autorisation d'importation. Aussi et dans le cas où le produit se trouverait en faux avec la législation du pays, il est tout bonnement interdit d'accès. Pour illustrer le dispositif mis en place par le département des Affaires religieuses, M. Tamine parle de “l'interdiction d'entrée de 500 titres, essentiellement des livres religieux lors du dernier salon international du livre”. Et d'ajouter : “Ces 500 titres ramenés par conteneurs en provenance d'autres pays à l'image du Liban, de la Syrie et de l'Egypte ont été interdits d'entrer dans notre pays pour non-conformité avec la réglementation.” Cette vigilance, explique notre source, est liée à l'importance du marché du support religieux. Pour étayer son propos, il indiquera que “sept millions d'unités de documents religieux, pour la plupart des livres, ont été vendues lors du dernier salon international du livre”. Les importateurs frauduleux devant le parquet L'importation frauduleuse de supports religieux non conformes à la réglementation sera sanctionnée pénalement. Et c'est devant le parquet que les auteurs de l'infraction (importateurs, revendeurs, éditeurs) seront transférés. Plusieurs cas ont été déjà sanctionnés. Le plus récent concerne l'arrivage frauduleux de petits livrets à caractère religieux d'Egypte saisis par les services de sécurité à El-Eulma (Sétif). “C'est grâce à la vigilance des services de sécurité qu'il a été procédé à la saisie de ces livrets venus d'Egypte à Sétif. Des exemplaires de ces livrets ont été également retrouvés à Jijel et à Batna”, note M. Tamine, expliquant que ces livrets ont été soumis aux commissions de lecture au niveau de ces wilayas qui ont déclaré leur non-conformité à la réglementation. Les auteurs de cette opération frauduleuse ont été transférés devant le parquet. Des commissions de lecture au niveau des 48 wilayas Le ministère des affaires religieuses a mis en place des commissions de lecture au niveau des 48 wilayas. Elles sont composées de “notables de la région, de membres du conseil scientifique, d'anciens imams sages”, indique M. Tamine. Elles ont pour mission de procéder à la lecture de tous les supports existants dans leurs wilayas respectives. À commencer par les bibliothèques des mosquées. “Nous avons mené une opération d'assainissement au niveau des bibliothèques des mosquées qui n'étaient jusque-là pas soumises au contrôle laissant ainsi n'importe qui faire don de livres pouvant ne pas correspondre aux références religieuses algériennes”, précise le responsable aux affaires religieuse, révélant quelques dérives à cet effet. “Nous avons retrouvé dans une bibliothèque d'une mosquée des tracts énonçant une fetwa qui appelle à brûler les mosquées”, a-t-il affirmé avant de donner un autre exemple : “il y a eu un CD anonyme qui a circulé et qui parlait des châtiments du mort. Ce CD montrait l'image d'un mort trois jours après son enterrement et qui se transformait en boule de neige. Notre attitude par rapport à ce CD a été de constituer une commission de lecture composée de scientifiques, de médecins et d'hommes de religion. Cette structure a livré son verdict en remettant en cause le contenu du CD en le considérant hors de propos.” Une des mesures prises pour pallier à l'intrusion de tout support religieux non conforme à la réglementation est l'interdiction d'un don de ces supports avant son passage par la commission de lecture. Cette commission de lecture dotée d'une griffe devrait “faire un examen à 100% des livres, des CD et des cassettes qu'elles reçoivent avant de leur apposer la griffe”, souligne M. Tamine. Ce dernier explique que les affaires religieuses comptent énormément sur l'implication des citoyens dans l'assainissement des bibliothèques des mosquées. L'imam responsable des livres de la bibliothèque des mosquées C'est l'imam qui sera tenu responsable en cas d'intrusion d'un support religieux contraire à la réglementation dans la mosquée. “l'imam ne devrait pas accepter de recevoir des documents ou des livres dans sa bibliothèque avant de les faire examiner par la commission de lecture indispensable pour filtrer tout ce qui est contraire à la réglementation”, note notre interlocuteur. Selon lui, tout livre ou document se trouvant dans la bibliothèque d'une mosquée qui ne porte pas la griffe de la commission de lecture est “douteux”. NADIA MELLAL