Les responsables militaires et les diplomates américains en Irak ont révisé jeudi à la baisse les attentes d'une amélioration sur le terrain d'ici septembre, estimant que le gouvernement de Bagdad ne semblait pas en mesure d'atteindre les objectifs fixés par Washington. Le gouvernement irakien a encore “beaucoup de progrès à faire”, a indiqué lors d'une vidéo-conférence l'ambassadeur des Etats-Unis en Irak, Ryan Crocker, à la commission des Affaires étrangères du Sénat. Un récent rapport d'étape, première évaluation de la situation en Irak depuis l'annonce en janvier d'une nouvelle stratégie américaine prévoyant 30 000 hommes en renfort, a mis en relief les maigres améliorations intervenues depuis l'envoi de troupes supplémentaires. Lors d'une autre vidéo-conférence avec des militaires du Pentagone et alors qu'il était en compagnie du commandant du contingent américain en Irak, le général David Petraeus, M. Crocker a reconnu que “les objectifs fixés allaient être difficiles à remplir d'ici septembre”, selon un responsable du Pentagone qui a requis l'anonymat. L'ambassadeur et le général doivent présenter en septembre au Congrès une évaluation de la stratégie en Irak du président George W. Bush, de plus en plus contestée. De son côté, le numéro deux du contingent américain en Irak, le général Raymond Odierno, a jugé jeudi qu'il lui faudrait un peu plus de temps pour être en mesure de juger l'impact de cette stratégie sur le long terme. “Pour faire une bonne évaluation, j'ai besoin d'au moins jusqu'à novembre”, a-t-il déclaré à des journalistes lors d'une vidéo-conférence, cherchant ainsi à réduire les attentes sur l'analyse qu'il devra fournir en septembre à ses supérieurs. M. Crocker a estimé que juger les résultats du gouvernement sur une série d'objectifs militaires et politiques fixés par le Congrès ne donnait pas nécessairement une vision objective de la situation. “Bien que le gouvernement irakien ait été en mesure de faire quelques progrès, beaucoup reste à faire”, a toutefois reconnu l'ambassadeur. Il a cependant appelé à “la prudence” sur les objectifs. “Plus je suis ici, plus je suis persuadé que les progrès en Irak ne peuvent être analysés seulement en termes d'objectifs précisément définis, qui ne donnent pas la mesure de ce qui est tout aussi important: l'attitude des Irakiens les uns envers les autres et leur volonté de travailler à une réconciliation”, a-t-il indiqué. R. I./Agences