Après Bagdad, Kirkouk et Mossoul sont tombées vendredi. La guerre en est donc à son épilogue, et la reconstruction de l'Irak est à l'ordre du jour. C'est de cela que vont, entre autres sujets, débattre les ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés de la planète. Trois inconnues subsistent pour le moment. Tout d'abord, le rôle de l'ONU. Les Etats-Unis ont clairement laissé entendre qu'ils entendaient rester les maîtres d'œuvre du processus. Et qu'ils ne souhaitaient confier à l'ONU qu'un rôle essentiellement humanitaire. Ce dont les antiguerre, France, Allemagne et Russie, ne peuvent se satisfaire. Pour le coût de la reconstruction, après vingt-trois années de dictature, onze années d'embargo et trois semaines de conflit, l'économie irakienne est sans nul doute exsangue. Des experts américains, entendus récemment par le Congrès, évaluent le coût de la reconstruction entre 20 et 25 milliards de dollars par an. Une facture salée que les Etats-Unis aimeraient voir réglée par l'exploitation de la principale ressource du pays : le pétrole. La vente de l'or noir représente pour le moment 95% du PIB irakien, estimé à 25 milliards annuels. La richesse du pays apparaît faible au regard de son endettement, qui est de l'ordre de 380 milliards, selon le Centre des études stratégiques et internationales (CSIS). La restructuration de cette dette pose des problèmes. Le Koweït et l'Arabie saoudite pourraient renoncer aux compensations liées à la première guerre du Golfe, évaluées au total à plus de 170 milliards. Les Etats-Unis souhaitent l'annulation d'une partie de la dette de l'Irak. Un “geste” que Paul Wolfowitz, numéro deux du secrétariat américain à la Défense, avait suggéré jeudi à la France, à la Russie et à l'Allemagne. Rick Barton, directeur du projet de reconstruction de l'Irak au Centre des études stratégiques et internationales, estime à 383 milliards de dollars le montant total des dettes et compensations dues par Bagdad. Il y a 199 milliards de dollars correspondant à des compensations dues à la suite de la guerre du Golfe. Sur ce total, 172 milliards sont dus à des gouvernements, entreprises et institutions, et le reste à des personnes. Il y aurait aussi 127 milliards de dollars de dette extérieure dont 47 milliards d'intérêts et 57 milliards de dollars dus pour des contrats en cours (énergie, télécommunications...), dont une majorité à la Russie. Les Américains ont déjà commencé à distribuer des contrats. La filiale KBR de l'ancienne société Halliburton du vice-président américain Dick Cheney s'est vu attribuer sans appel d'offres un important contrat de lutte contre les incendies de puits de pétrole en Irak. L'Administration américaine a annoncé vendredi l'attribution d'un autre contrat sur 12 mois de 2 millions de dollars (1,86 millions d'euros) à la société Creative Associates International pour gérer les besoins scolaires immédiats en Irak et promouvoir la participation de la population dans le processus éducatif du pays. Un autre contrat de 7,9 millions de dollars (7,35 millions d'euros) a été passé avec le Research Triangle Institute, un institut de Caroline du Nord, pour promouvoir la participation de la population irakienne à la reconstruction du pays. M. R.