Dans un passé fraîchement évocable, les lâchers d'eau opérés à partir du barrage de Bouhanifia constituaient une source de satisfaction, car le liquide qui coulait le long de l'oued traversait, outre la ville des thermes, les communes d'El Gueitna et Hacine, pour se déverser dans le barrage de Fergoug, à l'époque où cet ouvrage était opérationnel et utilisé pour alimenter en eau potable les populations de ces trois localités et celle de Mohammadia, mais servait également à l'irrigation de toutes les parcelles de terre situées à proximité, des deux côtés et tout le long de la berge, sur une distance de près de 40 km. En effet, les agriculteurs et autres propriétaires terriens ont mis à profit cette opportunité pour cultiver et mettre en valeur tous les lopins partiellement exploités ou abandonnés. Encouragés dans leurs actions par le laxisme des agents de la police des eaux en l'absence de tout contrôle, les agriculteurs s'adonnaient au pompage illicite par l'entremise de motopompes installées sur le bord de l'oued. Conscients de l'importance des enjeux économiques et dans ce contexte, force est de reconnaître qu'ils sont parvenus à concrétiser leur objectif en transformant radicalement l'aspect du paysage de la région, dominée par une verdure attrayante et une abondance de fruits et légumes cultivés pour les circonstances, tirant ainsi de gros bénéfices, notamment les propriétaires de vergers (oliviers et orangers) devenus de grands barons auteurs de transactions de grande importance qui leur ont permis de s'enrichir en un laps de temps, se permettant véhicules neufs et habitations de luxe. Ayant pris goût à ce mode de vie, éprouvant du mépris à l'égard de tous ceux qui osent les défier, ces nouveaux riches rivalisaient d'ardeur et d'attitude hautaine. Mais s'agissant de biens mal acquis puisque toutes les opérations se faisaient au détriment de l'AEP de la population, l'heure de vérité a sonné pour eux, car les agents de la police des eaux ont pris des mesures draconiennes pour les empêcher de procéder à l'irrigation de leurs terres à partir de l'oued, faisant appel à la force publique pour les dissuader et entreprendre la saisie des motopompes. Les récalcitrants ont même été poursuivis en justice et condamnés à des peines d'emprisonnement assorties de très fortes amendes. Mobilisés pour la circonstance, les agents des services de sécurité sillonnent le long de la berge à chacun des lâchers d'eau, n'accordant aucune chance aux agriculteurs de commettre de tels délits. A. B.