Sur fond de différend frontalier avec la Libye et de menace de la rébellion, le chef de l'Etat nigérien a annoncé la tenue prochaine d'une conférence internationale sur l'insécurité dans le Sahara, un espace que partagent le Niger et plusieurs de ses voisins. Dans un discours prononcé récemment à l'occasion du 47e anniversaire de l'indépendance du Niger, Mamadou Tandja a sévèrement critiqué les actes posés par les rebelles du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ). Faisant le constat des agissements de la rébellion, le président nigérien affirmera : “L'Etat ne cédera ni aux pressions ni au chantage, encore moins aux agissements de quelques citoyens hors la loi et objets de manipulations évidentes.” Evoquant “une conspiration” contre son pays, il ajoutera que son gouvernement reste plus que jamais déterminé à exploiter toutes les richesses dont regorge le sous-sol nigérien au bénéfice de l'ensemble des citoyens nigériens. Face à cette situation d'insécurité, il fera part de son intention de tenir une conférence internationale sur le sujet. “C'est fort de cette conviction que j'envisage, à brève échéance, de convoquer une conférence internationale dans le but d'examiner tous les contours des questions à connotation transnationale, en vue de trouver des solutions urgentes et appropriées”, a-t-il déclaré. Quelques jours auparavant, Mamadou Tandja avait, lors d'une rencontre au palais de la présidence avec la société civile nigérienne, informé son auditoire sur le différend frontalier entre le Niger et son voisin du nord, la Libye. Dans ce cadre, il a indiqué avoir instruit des techniciens afin de préparer un dossier concernant cette région frontalière entre le Niger et la Libye, en vue de saisir la Cour internationale de justice de La Haye. Outre ce problème frontalier, le chef de l'Etat nigérien s'attardera sur l'affaire du monopole accordé depuis une trentaine d'années à la société française Areva dans l'exploitation de l'uranium. Selon lui, l'ouverture de l'exploitation à toutes les sociétés étrangères susceptibles d'exploiter le minerai, selon des accords qui profitent aux deux parties, est à l'origine de l'insécurité devenue de plus en plus présente depuis le début de l'année en cours. En effet, l'attribution par le gouvernement nigérien au courant cette année d'environ 41 permis d'exploitation minière à des compagnies étrangères, notamment de la Chine, du Canada, de l'Australie et de l'Afrique du Sud est l'origine de cette campagne de déstabilisation. Ne s'arrêtant pas à ce stade, il accusera la société française d'être derrière le mouvement en affirmant : “Ceci a attisé une certaine jalousie de la compagnie Areva, qui a doté quelques Nigériens en matériels et en fonds avec la complicité de quelques éléments des forces armées nigériennes”. Sur un ton ferme, il avertira : “Comme tout Etat souverain, le notre entend exercer son droit légitime et inaliénable à disposer de ses propres ressources et à les mettre en valeur avec les partenaires intéressés.” Pour information, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), toujours pas reconnu officiellement par Niamey, réclame l'application des accords de paix de 1995 qui avaient mis fin à la révolte touarègue des années 1990, notamment les clauses prévoyant leur réinsertion socioéconomique et la priorité de l'emploi au profit des autochtones par les sociétés minières. K. ABDELKAMEL