Le GSPC a perdu ces derniers mois plusieurs de ses chefs. À cela s'ajoute la vague de redditions qui a considérablement déstabilisé l'organisation de Droukdel. Les opérations de ratissage de Yakourène, Jijel, Tébessa, Tlemcen, Boumerdès et El-Oued ont permis également de détruire plusieurs refuges et centres d'entraînement. L'ex-GSPC vient d'enregistrer, coup sur coup, plusieurs débâcles à la fois. La dernière en date remonte à jeudi dernier où pas moins d'une quinzaine de terroristes ont été éliminés par les forces combinées de sécurité et plusieurs casemates détruites dans les maquis de Tébessa. L'offensive de l'ANP dans cette région, considérée comme zone de repli et de refuge pour des katibat de la zone 5, est intervenue quelques jours seulement après la mise hors d'état de nuire de plusieurs autres terroristes dans plusieurs régions du pays. Mais le coup le plus dur assené à l'organisation terroriste fut incontestablement l'élimination du cerveau des attentats d'Alger et de Lakhdaria, Sid Ali Rachid, alias Ali Diss, et de son lieutenant Nour Mohamed dit Haroune El Achaichia, tous deux natifs de Kadiria dans la wilaya de Bouira. Ali Diss, dit aussi Abou Dahdah, connu pour être le conseiller militaire de la zone 2, s'est fait oublier, notamment depuis l'éviction de son ami Abdelhamid Saâdaoui alias Abou Haytem, remplacé depuis une année par Harek Zoheir dit Sofiane El-Fassila. Donné plusieurs fois pour mort, Abou Dahdah a échappé à plusieurs reprises aux mailles des filets de l'ANP, et les forces de sécurité ont dû utiliser les analyses ADN pour s'apercevoir qu'il ne figurait pas parmi les trois terroristes tués il y a près de deux mois à Tizi Ouzou. En fait, son élimination interviendra plus tard, en début de semaine, soit une année jour pour jour après celle de son compagnon d'armes Mouaissi Tahar dit Abou Yacoub, tué lui aussi presque dans les mêmes circonstances à Tizi Ouzou. Ainsi, de tous les dirigeants de la zone 2 de l'ex-GSPC, il ne reste que deux rescapés qui font partie de l'ancienne génération de l'ex-GSPC, alors que le sort de Touati Othmane dit Abou El Abbas, autre dirigeant de la zone 2, donné aussi pour mort, est toujours inconnu. Tous les autres chefs de la zone 2 ont été éliminés ou capturés. Ainsi, la mise hors d'état de nuire de Ali Diss a eu lieu presque au même moment que la reddition de Benmessaoud Abdelkader dit Abou Daoud, responsable de la zone 9 de l'ex-GSPC, considéré aussi comme l'un des adjoints de Mokhtar Belmokktar, “émir” de la région du Sahara. Ce chef terroriste originaire de Djelfa faisait, lui aussi, partie des anciens du GSPC. On dit de lui qu'il était proche de Hattab et de Abderrezak El-Para. Abou Daoud était l'un des nombreux opposants au ralliement de l'ex-GSPC à Al-Qaïda et ne supportait pas certaines actions et initiatives entreprises par Droukdel. Il finira par craquer en se rendant la semaine dernière aux forces de sécurité, auxquels il livrera beaucoup d'informations sur la débandade que connaît en ce moment l'organisation salafiste. Selon de nombreux observateurs de la scène sécuritaire, cette reddition augure d'autres rééditions, notamment celle de l'“émir” Belmokhtar, actuellement retranché avec ses fidèles dans une région du Sahara située aux frontières d'un pays voisin. Belmokhtar, dit aussi Abou Abbas, semble adopter une position semblable à celle du fondateur du GSPC Hassan Hattab, à savoir “ni reddition ni actions”. L'autre succès remporté par les forces de sécurité sur les groupes terroristes fut la capture du cerveau des kidnappings, l'“émir” Zakaria, de son vrai nom Hachemi Rabah. Ce terroriste originaire de Aïn El-Hamra (Bordj Ménaïel) est le beau-frère de Saâdaoui, mais aussi le frère de Hachemi Hachemi, dit Soheib, “émir” de la seriat des Issers de l'ex-GSPC. Ce terroriste a récolté à lui seul plus de 40 milliards de centimes qu'il a remis directement à l'“émir” Droukdel, alias Abou Moussaâb Abdelouadoud. Zakaria était considéré comme la bête noire des entrepreneurs et hommes d'affaires de la région de Tizi Ouzou et Boumerdès, et ses rançons n'ont jamais été inférieures à 1 milliard de centimes. L'autre réussite des forces de sécurité est aussi l'élimination, il y a moins d'un mois à Yakourène, du numéro deux de katibat El Ansar, Kasdi Rabah, dit Abou Hamza, connu aussi sous le sobriquet “El-Para” au même titre que son lieutenant Belkheir Abdenour dit “Abdenour” originaire de Benchoud. Quelques jours après, ce sont d'autres terroristes membres de la zone 2 qui seront éliminés au cours d'une offensive menée par l'ANP dans les maquis de Yakourène et quatre autres éliminés à Meftah, alors que quelques semaines auparavant, ce sont plus de 12 terroristes qui venaient d'être éliminés entre Khemis El-Khechna et Meftah. À noter aussi, durant la même période, l'élimination de l'un des plus importants artificiers de l'ex-GSPC, en l'occurrence Djeffal Nacer, qui sera capturé à Bouchakour dans la région des Issers par des éléments de la BMPJ de Boumerdès. Ces derniers mettent la main, dans la forêt de Djouaouna, sur l'atelier de fabrication d'explosifs dirigé par Djeffal et qui a servi à la confection des bombes ayant ébranlé la capitale en avril dernier. Les forces de sécurité avaient, un mois avant, mis hors d'état de nuire l'“émir” Grimèche Azzedine dit Djelloul, chargé de toute la zone s'étendant de Dellys à Baghlia en passant par Sid-Ali Bounab. L'élimination de cet “émir” abattu en même temps que son acolyte, l'assassin du maire de Benchoud, a porté un sérieux coup à katibat El-Ansar, la plus importante phalange du GSPC de la wilaya de Boumerdès. À noter également la mort de l'“émir” de la zone 6 à Jijel, un certain Houari Youcef, tué il y a un peu moins d'un mois lors d'une embuscade de l'ANP. Parallèlement à ces opérations, les services de sécurité ont démantelé plusieurs camps d'entraînement dans plusieurs régions du pays, notamment à El-Oued. Un camp d'entraînement pour mineur a été démantelé à Thénia et plusieurs cellules de soutien aux groupes terroristes anéantis. Ces coups successifs portés à la tête de l'ex-GSPC expliquent que l'organisation terroriste est non seulement en déroute, mais au bord de l'implosion. Les nombreuses redditions enregistrées, y compris parmi les chefs terroristes, dénotent le malaise profond ayant atteint la nébuleuse salafiste acculée constamment par les forces de sécurité. L'ex-GSPC se trouve obligé de recourir aux attentats spectaculaires de type kamikaze pour relever le moral des troupes et en même temps marquer davantage son obéissance à Al-Zawahiri. Ce dernier semble être déçu par les performances de sa filiale algérienne, complètement en déroute, comme l'attestent ses derniers discours où cette fois l'expression “al-Qaïda au Maghreb” n'a pas été prononcée. Ainsi, Al-Zawahiri, qui comptait sur l'ex-GSPC pour “intimider” la France et autres pays européens, est en train de réévaluer ses objectifs démesurés. La déconfiture subie par l'ex-GSPC dans les pays voisins, notamment au Maroc et en Tunisie où plusieurs attentats furent déjoués et de nombreux terroristes arrêtés, est une preuve supplémentaire de l'échec de l'implantation d'al-Qaida au Maghreb. Cette débandade a enfoncé davantage Droukdel et ses acolytes, obligés de revoir leurs ambitions à la baisse. Lui qui rêvait de diriger la filiale al-Qaïda au Maghreb, est en train de regarder impuissant la déroute de ses troupes. C'est le revers de la médaille de sa décision jugée hâtive par ses pairs de rallier Al-Qaïda de Ben Laden. Certes, les terroristes ne baissent pas les bras, ils peuvent toujours frapper en usant de leurs lâches bombes, comme ce fut le cas à Lakhdaria récemment. Mais le “rouleau compresseur”, pour reprendre l'expression de Ali Tounsi, est en marche. M. T.