Si les démocrates ont naturellement rejeté le plan préconisé par le président américain pour l'Irak, même le camp républicain n'est guère emballé par la proposition, à l'image du sénateur républicain, Chuck Hagel, qui a affirmé que la stratégie de Bush constitue “la pire erreur de politique étrangère” des Etats-Unis depuis la guerre du Vietnam. Auditionné au Congrès sur la situation en Irak, la secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères a répondu que le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, “sait que, d'une certaine façon, son gouvernement est en sursis” et “notre mission est d'aider, et je souligne le mot, aider les Irakiens”. Il s'agit là d'un aveu qui montre qu'al-Maliki n'est plus en odeur de sainteté auprès des George Bush. Ceci est confirmé par le nouveau patron du Pentagone, Robert Gates, lequel a agité, lors de son passage devant les sénateurs, la menace d'une révision du plan Bush si les dirigeants irakiens ne respectent pas leurs engagements. “La première réaction, si nous découvrons qu'ils ne remplissent pas leurs engagements, est de le leur rappeler avec force, et si au bout du compte ils ne respectent pas les engagements (...) Nous devrons revoir notre stratégie”, a-t-il dit. Il s'est, notamment, refusé à spécifier la durée de la mission des 20 000 soldats supplémentaires envoyés en Irak. “Nous verrons”, s'est-il contenté de rétorquer. En somme, l'administration Bush est loin d'être satisfaite du travail du gouvernement de Nouri al-Maliki. Ce dernier s'est engagé à autoriser les forces américaines et irakiennes à traquer les milices sunnites et chiites sans interférer en faveur d'un camp ou d'un autre. Bagdad s'est aussi engagé à déployer trois brigades irakiennes dans la capitale. Quant aux réactions ayant suivi la divulgation par George Bush de son plan pour l'Irak, il faut dire que les critiques n'ont pas manqué, y compris chez les républicains. La nouvelle stratégie de M. Bush est “la pire erreur de politique étrangère” des Etats-Unis depuis la guerre du Vietnam, a rétorqué le sénateur républicain Chuck Hagel, lors d'une audition de la ministre au Congrès. Lui emboîtant le pas, le nouveau président démocrate de la Commission des affaires étrangères, le sénateur Joseph Biden, renchérit : “C'est une erreur tragique.” Son homologue de la Commission des forces armées, Carl Levin, estime, quant à lui, que “la stratégie choisie par le président n'était pas la voie du succès”. À Fort Benning, en Georgie, George W. Bush a défendu son plan qui prévoit le déploiement de 4 000 Marines supplémentaires dans la province irakienne d'Al-Anbar et 17 500 soldats à Bagdad. Ces renforts s'ajoutent aux 132 000 militaires américains déjà présents en Irak. Prudent, il avertit : “La nouvelle stratégie ne va pas avoir d'effets immédiats, cela va prendre un peu de temps.” Il a rejeté à nouveau tout retrait militaire d'Irak, soulignant qu'il ne ferait que renforcer les islamistes. Comme prévu, les alliés indéfectibles des Etats-Unis ont loué, jeudi, ce nouveau plan de bataille pour l'Irak, tandis que les principaux partis irakiens réagissaient avec un enthousiasme mesuré. K. ABDELKAMEL