Rongé par un cancer du sang depuis un an, Tayeb Benouis se rendait pour des soins dans l'établissement parisien sans renoncer à sa mission qu'il exerçait pourtant au milieu d'une grande adversité. Son poste attisait, en effet, bien des appétits, mais son remplacement plusieurs fois suggéré ne s'est jamais réalisé. “Il est mort en service commandé”, pleuraient deux employées de la compagnie aérienne au moment où le corps de celui qui était leur patron jusqu'à jeudi soir quittait l'hôpital Saint-Louis à Paris. Rongé par un cancer du sang depuis un an, Tayeb Benouis se rendait pour des soins dans l'établissement parisien sans renoncer à sa mission qu'il exerçait pourtant au milieu d'une grande adversité. Son poste attisait, en effet, bien des appétits mais son remplacement plusieurs fois suggéré ne s'est jamais réalisé. Il aura résisté jusqu'à son dernier souffle. Enfant d'Air Algérie, Benouis a patiemment gravi les échelons de la société. Copilote puis commandant de bord — un des premiers après l'Indépendance —, il a effectué exceptionnellement son dernier vol avec le président Bouteflika. À la hiérarchie de la compagnie, il a d'abord été directeur de l'exploitation. Et c'est le 7 juillet 1999 qu'il prenait les commandes d'Air Algérie en remplacement de Fayçal Khellil. D'abord intérimaire, il a été confirmé en tant que directeur général avant de devenir en juillet 2003 président-directeur général et président du conseil d'administration de la compagnie qui venait de modifier ses statuts pour se mettre au diapason des normes internationales et s'adapter à la concurrence. Cette modification, accompagnée du renouvellement de la flotte, aura d'ailleurs été l'un de ses principaux chantiers. Autre mission : l'amélioration de l'image de marque de la compagnie rendue déplorable par les représentations à l'étranger. Pari réussi depuis cet été. M. Benouis s'était personnellement rendu en mars à Paris pour une réunion publique avec des associations d'usagers. Avec son caractère d'Algérois grincheux et direct, il a croisé ses arguments et exposé ses projets. Pour ne pas être pris en délit de mensonge, il n'a d'ailleurs pas hésité à se rendre autour de la représentation générale d'Air Algérie à l'insu des employés. Une manière de s'assurer personnellement de la mise en œuvre de ses engagements. Diminué par la maladie, M. Benouis n'a, par ailleurs, pas ménagé ses forces pour porter jusque à son terme le projet d'ouverture d'une liaison avec le Canada. Il a personnellement fait le voyage inaugural. En revanche, il n'aura pas eu le temps de voir s'achever son dernier chantier, celui de la délivrance du billet électronique qui se fera avant la fin de l'année. À 59 ans, le P-DG a été fauché jeudi vers 20 heures par la mort. Le défunt doit être inhumé aujourd'hui au cimetière de Sidi-Yahia. Son corps doit être rapatrié par un vol régulier de la compagnie en partance de l'aéroport d'Orly où il a passé la nuit. Une cérémonie a été organisée hier après-midi à l'hôpital de Saint-Louis en présence de son épouse et deux de ses enfants. Le consul général à Paris, les consuls de Vitry et de Pontoise y étaient présents. Une prière a été récitée autour du cercueil recouvert de l'emblème national. Le visage du défunt a ensuite été dévoilé pour permettre à la petite foule de lui dire adieu. Y. K.