Les Américains sont plus préoccupés par la sécurisation des champs pétrolifères que par les villes. A Oum Qasr, ils s'empressent de remettre en état le port pétrolier, à Mossoul et à Kirkouk ils empêchent les Kurdes de s'approcher des installations pétrolières. Bagdad est livrée au chaos mais pas les lieux d'exploitation de l'or noir. Marines, GI's et forces spéciales y veillent comme sur leurs prunelles des yeux, loin des caméras de télés. Pourquoi ? Avec le pétrole, l'administration américaine, menée par le clan des pétroliers, tiendra de fait tout ce qui fait avancer le monde : l'or noir. Une carte du Golfe et de ses profondeurs asiatiques rend compte de cette stratégie. Il s'agit de mettre la main sur les vastes réserves pétrolières irakiennes (2e producteur mondial), avant qu'elles ne tombent entre celles de compagnies russes, chinoises ou européennes. Avec le pétrole de l'Irak, les Etats-Unis contrôleraient directement pas moins des deux tiers des réserves énergétiques mondiales et tiendraient par le cou l'Europe, l'Asie et surtout la Chine, la nouvelle puissance du millénaire. Ce processus bouclerait ainsi ce qui est entrepris depuis la guerre d'Afghanistan. Les Américains ne s'en cachent plus : leurs forces sont à Kaboul pour accéder aux vastes réserves énergétiques des bassins de la mer Noire et de la mer Caspienne. L'Asie centrale et le Caucase sont traversés par de vastes réseaux d'oléoducs et de gazoducs qui alimentent l'Occident via le Golfe arabo-persique, la mer d'Omman, la mer Rouge et la Méditerranée. Autant de régions qui, dans l'esprit de la Maison-Blanche, doivent être acquises à “l'ordre américain”. La guerre contre le terrorisme, avec du recul, procède également de la logique du pétrole. Elle est destinée à la protection des accès au pétrole. Mais pour remettre l'Irak en pole position sur le marché mondial, il faudrait des investissements de l'ordre de 30 milliards de dollars. La France et la Russie comptent sur cette faramineuse facture pour essayer de faire oublier leur rébellion contre l'hégémonisme US. Il y a de la place pour tout le monde, disent notamment les responsables de Totalfina mais les Américains ont fait savoir que pour assister au dîner, il fallait avoir mouillé le tricot de peau. Que va devenir l'Opep dans ces conditions ? Plusieurs voix suspectent les Américains de vouloir la casser pour laisser libre court au cours du pétrole. Ce qui est sûr : l'Arabie Saoudite laissera des plumes, d'une façon ou d'une autre, bien qu'en réalité, elle a toujours œuvrée pour les intérêts des USA. La guerre contre l'Irak, c'est aussi contre elle, avaient avoué les têtes pensantes de la nouvelle doctrine unipolaire américaine. Plus d'exception civilisationnelle, la démocratie et les droits de l'Homme sont universels, c'est du moins ce qu'ils avancent. D. B.