La Maison de la culture était trop exiguë pour contenir tous les admirateurs de Lounis Aït Menguellet, venus nombreux lui rendre un hommage de son vivant. Un hommage plus que symbolique, organisé par l'association “Etoile culturelle d'Akbou” de Béjaïa. Les représentants des autorités locales, du ministère de la Culture, les participants venus des quatre coins du pays (25 wilayas au total), de la Radio Soummam étaient présents à l'ouverture de cette manifestation festive ainsi qu'à la clôture qui a eu lieu, avant-hier, à Akbou. Emu, longuement ovationné, Lounis dira tout de go : “Je suis très heureux de me retrouver ici parmi vous. À l'instar de mon village qui m'a rendu hommage, je tiens à remercier également aujourd'hui les organisateurs pour ce qu'ils font. Que l'étoile scintille dans le firmament de notre culture !” Toujours aussi modeste, il dira encore que durant ses 40 ans de chansons : “Je n'étais pas seul !” Lounis évoquera également les nouveautés et la “touche” artistique de son fils et compagnon Djafar. À ce propos, il n'a pas tari d'éloges sur son travail en déclarant, notamment qu'“il a beaucoup apporté sur le plan musical. Sincèrement, il ma énormément apporté et aidé” Au cours de cette grandiose soirée, Aït Menguellet a tenu à gratifier les nombreux présents par des interprétations musicales, toutes puisées de son riche répertoire. Des moments d'émotion tant partagés par les présents, mais aussi par les fans du poète de la profonde Soummam. L'enfant prodige d'Ighil Bouamas, sur les hauteurs de Tizi Ouzou, n'est pas seulement un chanteur de talent. Ce serait l'enfermer dans un moule pour sa dimension culturel et artistique qu'il a toujours incarné. À son génie. Depuis ses débuts, ses fans se rappelleront ces célèbres textes : Ma throudh (si tu pleures), Ya Tejra Illili (laurier rose), Djamila, Amjahed…où Lounis venait de signer les prémices, à l'orée des années 1970, une carrière prometteuse. Le répertoire du poète n'a cessé de s'enrichir d'année en année pour gagner un large public, mais aussi tous les recoins de la planète où vivent les compatriotes, par ailleurs très symbolisés par Lounis dans Sil Khedma louzin s-akham. Le triomphe ne tardera pas à venir, l'estime populaire étant acquise. Maître du verbe et de son art, il offrira ainsi, au début des années 1980 à l'Atlas, un véritable récital qui provoque un délire, avant de triompher dans la salle mythique de l'Olympia. Que ce soit dans Tharawla (la fuite), Thiragwa (les rigoles) ou Dda Idir, son dernier produit, Lounis a toujours révélé qu'il reste égal à lui-même. Et dans l'interprétation et dans la qualité de la composition. Et nombreux sont ceux qui ne comprennent pourtant pas le kabyle, mais qui se laissent volontiers séduire par ses nombreuses mélodies si touchantes, car très profondes. Avec ces 40 ans de carrière, le grand public aura, sans l'ombre d'un doute, besoin d'accorder un tel mérite à celui qui a bercé des générations dans des mélodies indélébiles et des textes philosophiques. En somme, le Carrefour de la Soummam aura été une réussite totale, sur tous les plans. ACHOUR HAMMOUCHE