La décision d'entrer en grève est votée à l'unanimité par le conseil syndical, en conformité avec la législation régissant les conflits sociaux dans l'entreprise. Comme annoncé, le syndicat de Arcelor Mittal Annaba a adressé, hier, un préavis de grève générale et illimitée des unités de l'entreprise pour le 22 août prochain. Cette décision, qui a été votée à l'unanimité par le conseil syndical, signale-t-on, a été prise conformément à la législation régissant le règlement des conflits sociaux, en application notamment de l'article 30 de la loi 90/02 du 6 février 1990, comme précisé dans le communiqué rendu public par celui-ci, tôt dans la matinée d'hier. Le mouvement de grève illimitée auquel appelle le syndicat serait l'ultime recours pour dénoncer le projet de licenciement massif qui menacerait l'avenir de quelque 3 400 sur les 8 600 travailleurs employés par Arcelor Mittal Annaba. Projet que l'employeur serait décidé à concrétiser avant décembre 2008, sans pour autant en informer le partenaire social qu'est le syndicat d'entreprise, lequel y aurait réagi en rédigeant, dès le 5 de ce mois, un mémorandum de revendications en 10 points. Des négociations ont été entamées entre les deux parties pour étudier la question, après que le syndicat eut tiré un coup de semonce en organisant, rappelons-le, un débrayage symbolique d'une journée, le 1er août passé. Devant l'incapacité des responsables de la direction générale du complexe à apporter une quelconque réponse au contenu de ladite plateforme de revendications, les syndicalistes ont exigé et obtenu que des interlocuteurs plus convaincants soient dépêchés par le grand patron du groupe pour négocier avec eux de l'avenir du complexe. On se rappelle que deux émissaires de Arcelor Mittal se sont réunis, le jeudi 9 août, avec les deux principaux responsables du syndicat d'entreprise, en l'occurrence Kouadria Smaïn, son secrétaire général par intérim et Menadi Aïssa, le député indépendant, et que les pourparlers ont tourné court devant la passivité des négociateurs venus de Londres. Ces derniers auraient déclaré aux représentants des travailleurs qu'ils n'étaient investis d'aucun réel pouvoir de décision et se sont limités à recueillir les réserves du syndicat sur le volet objet du litige, afin de le communiquer à leur hiérarchie au niveau du groupe. Cette démarche, qui n'a rien apporté de concret à l'attente des travailleurs, a irrité le syndicat, surtout que le black-out le plus complet est observé par l'employeur depuis, malgré l'engagement de MM. Smith et Laurent à communiquer la position du groupe au plus tard hier, mardi. Des messages ont, entre-temps, été adressés aux syndicalistes, notamment par le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, et par le porte-parole du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, lesquels auraient assuré les employés du complexe de leur soutien dans leur lutte contre la précarité et pour la préservation de l'outil de production. Ainsi, on assisterait à une politisation du conflit social avec l'éventualité d'une présentation du problème de Arcelor Mittal devant l'Assemblée par l'entremise du député-syndicaliste Menadi, comme l'annoncent en aparté certaines sources proches du conseil syndical. Aujourd'hui que les pourparlers sont au point mort et que le processus de conciliation est irréversiblement engagé auprès de l'inspection du Travail, laquelle a entériné un PV de désaccord, les membres du conseil syndical estiment que les dès sont jetés et que la grève qu'ils ont voulu éviter devient inéluctable. M. Kouadria déclare que “le dialogue n'est, toutefois, pas rompu” et que lui et ses camarades restent ouverts à la discussion, à condition que le volet des suppressions d'emplois soit mis aux oubliettes… A. ALLIA