Le patron de la Centrale, qui participait hier aux travaux de l'université d'été du Parti des travailleurs (PT) à Boumerdès, a dénoncé la mainmise qu'exercent certaines ONG internationales sur le mouvement syndical dans le continent africain, et ce, sous le prétexte fallacieux des aides humanitaires. “Il y a un danger qui guette le mouvement syndical mondial, les ONG sont le vecteur du venin de la déstabilisation des mouvements syndicaux”, dira-t-il à propos des organisations non gouvernementales qu'il accuse de vouloir “se substituer au travail syndical des pays dans lesquels elles agissent, comme ce fut le cas de la Côte d'Ivoire, rongée par les conflits fratricides que des ONG ont investie sous la couverture des aides humanitaires, se substituant de fait aux 25 centrales locales dont elles ont fait siennes les prérogatives”. Sidi-Saïd a tenu à faire savoir que “les ONG malintentionnées n'agissent paradoxalement qu'au niveau du continent le plus vulnérable pour ne pas dire le plus faible, en l'occurrence l'Afrique”. “Pour preuve, témoignera-t-il, ces ONG qui n'aspirent qu'à s'ingérer dans les affaires internes des nations faibles ne s'impliquent jamais dans les pays développés quelles que soient les circonstances”. Le SG de l'UGTA a tenu, par ailleurs, à décrédibiliser les allégations de ces ONG quant à ne vouloir apporter que de l'assistance aux populations en détresse sous le slogan trompeur de l'aide humanitaire, en indiquant qu'“aucune ONG ne s'est manifestée lors des catastrophes de Bab El-Oued et de Boumerdès afin d'apporter aide et assistance à une population en détresse, comme on ne cesse de le claironner à cor et à cri”. Pour Sidi-Saïd, indéniablement “il y a un dessein manifeste visant à désengager le mouvement syndical de ses responsabilités quant à veiller à la préservation des droits des travailleurs”. De plus, soutiendra-t-il encore, “aucune ONG n'avait levé le petit doigt pour signifier une quelconque désapprobation du musellement des libertés syndicales des travailleurs palestiniens que leur a confisquées l'Etat israélien, ou alors signifier un quelconque soutien pour notre pays au moment fort du terrorisme islamiste”. Et la solution alors ? “Il est vrai que d'aucuns n'ont pu se rendre compte de ce qui se tramait depuis le début des années 90. Cependant, depuis l'année 2000, le Mouvement syndical international (MSI) s'est aperçu des tentatives pernicieuses pour son écartement.” “C'est dans cette optique, souligne Sidi-Saïd, que nous avons entamé, en 2004, des actions à travers des discussions au sujet de la réunification de tous les mouvements syndicaux de par le monde, à l'effet d'éviter que les influences idéologiques ou partisanes, sous leurs diverses formes, n'atteignent la Fédération mondiale des syndicaux au sein de laquelle l'Afrique et le monde arabe sont représentés par l'UGTA et l'UGTT (Tunisie)”. À propos de la finalité derrière la création de la FMS, le SG de l'UGTA dira qu'“il y a au sein de cette structure syndicale internationale une opposition unanime quant à laisser le champ libre aux ONG de se substituer aux prérogatives des syndicats des travailleurs”. Et Sidi-Saïd de souligner, en outre, qu'il y a une intention de réunir trois mouvements syndicaux africains en un seul pôle afin de se rapprocher davantage de l'Union africaine (UA) et de l'Organisation mondiale des travailleurs afin de faire valoir leurs doléances et préoccupations qui sont finalement celles de tous les travailleurs. D'autres part, soulignant que le rapprochement entre l'UGTA et les autres syndicats n'inspire “aucune animosité pour moi, bien au contraire”, le patron de la Centrale syndicale dira à propos de la hausse des prix de ces derniers jours que “pour en venir à bout, il est nécessaire d'entrevoir un effort collectif et pas seulement celui du gouvernement. Néanmoins, loin de moi la prétention selon laquelle je veux déresponsabiliser l'Etat”. Autre sujet abordé, celui du statut de la Fonction publique “sur lequel nous nous sommes consacrés depuis 1990” ; Sidi-Saïd se réjouira notamment que “90% de nos doléances ont été acceptées par le gouvernement, ce qui est en soi un saut qualitatif vers l'avant qu'a enregistré l'UGTA, les partis politiques et le gouvernement”, et de lancer que “cela dénote une volonté politique de régler, entre autres, la question salariale des travailleurs, et ce, en dépit de ce qui se passe actuellement sur la scène sociale caractérisée par une hausse des prix des produits de première nécessité”. Interpellé au sujet du bilan du pacte économique et social qui fêtera son premier anniversaire prochainement, le SG de l'UGTA se contentera de dire qu'“il est encore trop tôt pour se prononcer sur le bilan du pacte économique et social entamé depuis un an étant donné qu'il devra incessamment faire l'objet d'une tripartite à l'issue de laquelle, nous ferons le point à ce sujet”. S'agissant d'une éventuelle hausse des salaires, Sidi-Saïd, tout en maintenant son discours optimiste par rapport à une rentrée sociale “normale”, n'en soufflera mot tout en insinuant, en revanche, qu'il y aura du nouveau. M. T.