Le secrétaire général de l'APC affirme : “Nous n'avons fait qu'appliquer la loi.” L'ambiance est morose chez les familles dont les bulldozers de l'APC ont démoli les baraques qu'elles occupaient dans le bidonville de la cité des Eucalyptus, à Bourouba. Pour se préserver des rayons du soleil, les familles se sont installées dans des abris de fortune faits avec des matériaux récupérés après le passage des engins de la commune, le 13 juillet dernier. “Mon père est né à El-Harrach en 1914. Je n'habite pas dans ce bidonville, mais c'est mon fils qui s'y est installé après son mariage, car je n'ai pas de place dans mon appartement pour l'héberger, lui et sa femme”, déclare une femme d'un certain âge, venue soutenir sa belle-fille. Cette dernière réfute la thèse des responsables de la commune qui affirment n'avoir démoli que des constructions illicites : “Regardez bien plus haut, ce bidonville existe toujours, et il compte encore plus de 100 maisons. Pourquoi seules nos familles ont été touchées ? C'est de la hogra.” En effet, plusieurs baraques situées un peu plus haut sont toujours habitées et leurs occupants n'ont pas été inquiétés. “Je ne comprends pas pourquoi nos maisons viennent d'être rasées et pas toutes les autres”, s'interroge un père de famille dont la femme et les enfants sont hébergés dans la tente commune, érigée à cet effet. Dans cette tente où s'entassent plusieurs femmes et enfants dont certains en bas âge, une chaleur suffocante y règne. Sur un matelas posé à même le sol, une femme, victime d'une insolation, est allongée et ses voisines tentent de lui apporter leur aide. Les membres des familles touchées par cette démolition estiment ne pas comprendre l'attitude des responsables de la commune qui ne se sont rappelés de l'existence d'un bidonville au quartier des Eucalyptus que le 13 juillet dernier. “Ils étaient où ces responsables lorsque nous nous sommes installés voilà plus de 18 mois pour certains, dans cette partie de la cité de constructions illicites ? Je reconnais avoir construit une baraque sans aucune autorisation, mais je l'ai fait car je n'avais aucune autre solution “, ajoute un autre “sinistré”. Intervenant à son tour, un autre père de famille reproche aux autorités d'avoir dépêché sur les lieux d'importantes forces de sécurité et des moyens de démolition considérables, et ce, juste “pour réduire en poussière des maisons de fortune qui abritaient des familles algériennes”. Les hommes ne cessent, depuis cette date, de se rendre quotidiennement au siège de l'APC et au jour d'aujourd'hui, aucune solution ne leur a été encore proposée. “Le président de l'APC nous a demandé de dresser la liste des 17 familles touchées par cette opération. Je suis sûr que c'est juste pour nous calmer. Pour notre part, nous avons décidé de camper ici, car nous n'avons pas où aller”, ajoute un autre père de famille. Les familles jetées à la rue invitent les autorités à ouvrir une enquête sur les jeunes qui ont vendu des parcelles de terrain à des gens qui ont érigé des baraques dans ce même bidonville. “Eh bien ! croyez-le ou non, ces ventes ont eu lieu voilà juste quelques jours. Les acheteurs ont construit et leurs baraques n'ont pas été démolies ce fameux 13 juillet 2007”, s'étonne une femme. Cette dernière affirme que les responsables de la commune n'avaient qu'à démolir les 6 baraques nouvellement construites. Tous les membres des familles dont les maisons sont détruites tiennent à dénoncer l'attitude des responsables communaux qui ont mal ciblé les nouvelles bâtisses à démolir et les invitent ainsi à rectifier le tir en leur proposant des solutions de relogement. Pour sa part, le secrétaire général de la commune de Bourouba persiste et signe, il estime que cette décision de démolition a touché 35 constructions du bidonville, car elles ont été érigées une semaine avant l'intervention des services communaux et de la daïra. “Ces constructions illicites sur un terrain de l'Etat représentaient un danger car situées dans une zone accidentée et dans un environnement critique”, tient-il à préciser. Il affirme, par ailleurs, que l'Etat a lancé une campagne de lutte contre les constructions illicites. Quant à la centaine d'autres baraques formant le bidonville, il répondra que “parmi les occupants de ces bâtisses, certains y logent depuis 1994”. SaId Ibrahim