L'appel à un retrait partiel des forces américaines d'Irak, lancé par un influent sénateur républicain, complique la bataille engagée par Bush pour justifier sa politique mais ne semble pas augurer dans l'immédiat d'un retournement du Sénat en faveur d'un départ des troupes. John Warner, sénateur de Virginie et membre de la commission des forces armées, a recommandé au président américain d'annoncer, le mois prochain, un retrait initial de 5 000 soldats environ en décembre. L'objectif, a-t-il expliqué, serait d'accentuer la pression sur le gouvernement irakien du Premier ministre Nouri al Maliki pour qu'il mette en œuvre sans plus tarder les mesures nécessaires à la réconciliation politique en Irak. Pour les républicains, qui ont les présidentielles de 2008 à l'horizon, Bush devrait adresser un signal aux électeurs en leur faisant comprendre que son parti va commencer à entreprendre des actes démontrant que les Etats-Unis ne resteront pas indéfiniment en Irak. Les déclarations de Warner enfoncent un coin supplémentaire dans la politique irakienne de Bush, dont la contestation croît sur de multiples fronts en cette année préélectoral. Au début de l'année, Bush a donné une nouvelle inflexion à sa stratégie irakienne en envoyant 30 000 soldats en renfort (le contingent américain en Irak compte aujourd'hui quelque 160 000 hommes) et en engageant dans le même temps le gouvernement Maliki à mettre en œuvre un processus de réconciliation nationale. Le jour où Warner exposait sa proposition, un rapport des services américains du renseignement évoquait une précarisation accrue du gouvernement Maliki dans les six à douze mois à venir. “Le niveau de violence des insurgés et des affrontements intercommunautaires restera élevé, et le gouvernement irakien va continuer à batailler pour la réconciliation politique nationale”, souligne un extrait de ce rapport. Dans le camp démocrate, des ténors ont appelé à l'éviction de Maliki et le parti prépare parallèlement une nouvelle série d'initiatives parlementaires en faveur d'un retrait qui seront soumises au Congrès après les congés d'été. Attendu pour mi-septembre, le rapport, rédigé par l'ambassadeur américain à Bagdad, Ryan Crocker, et le commandant des forces américaines en Irak, David Petraeus, sur instruction du Congrès, est largement considéré comme le déclencheur potentiel d'un changement de la politique irakienne des Etats-Unis. D. B.