C'est un défi à relever que de protéger notre système d'information national et appliquer la loi. Comme la plupart des pays, l'Algérie n'est pas à l'abri de la cybercriminalité. Cette nouvelle forme de criminalité insidieuse, invisible et transnationale, est une menace sérieuse pour les institutions, les entreprises, d'où la nécessité d'un dispositif de lutte et de prévention. Sur ce plan, la Gendarmerie nationale a pris les devants en traçant un programme pour mettre en place son dispositif. À commencer par la formation à l'étranger des spécialistes en la matière qui s'occuperont de la mission de “détection” des délits liés aux nouvelles technologies, des enquêtes et de sensibiliser. Un bref aperçu nous a été donné par quelques responsables de ce dispositif, notamment le commandant de la division développement et recherche, le colonel Hallab. Il résumera ainsi la situation : la cybercriminalité est une menace réelle qu'il faut contenir et réduire. C'est un défi à relever que de protéger notre système d'information national et appliquer la loi. Il reconnaît cependant que le dispositif actuel ainsi que la loi sont sommaires et “méritent d'être perfectionnés”. La Gendarmerie nationale a commencé à appliquer son programme à partir de 2004, date de la promulgation de la loi sur cette nouvelle criminalité. Date à partir de laquelle ont été lancés les cycles massifs de formation et de perfectionnement des “agents”. Par ailleurs, la GN a installé un centre de lutte et de prévention contre la cybercriminalité et le grand projet du centre de criminologie et criminalistique qui abritera un département dédié à la répression de cette nouvelle délinquance. Chaque compagnie est déjà dotée d'une cellule opérationnelle. C'est le premier niveau d'expertise chargé essentiellement des enquêtes, expliquera le lieutenant Bouzidi, responsable des unités opérationnelles de cybercriminalité. Plus haut, le niveau supérieur se charge de l'analyse fine des indices, données et preuves, a-t-il précisé. Un système de protection des indices “fragiles” jusqu'à la présentation a été élaboré par les spécialistes de la GN. Le centre sera normalement opérationnel à partir de janvier prochain. De son côté, le lieutenant colonel Benredjen, chef du centre de prévention et lutte, spécialiste en cyber forensics, mettra en évidence la complexité de cette criminalité qui bénéficie de l'avantage de l'anonymat des auteurs, la fragilité des indices. Mais, il a insisté sur la prévention et la sensibilisation des utilisateurs, institutions ou particuliers. Il mettra en garde contre les logiciels gratuits qui n'ont toujours pas que des avantages. Ceci pour les utilisateurs particuliers amateurs du Web. Il insistera évidemment sur la sécurisation du matériel, anti-virus, pare-feu, filtres, qui constitue souvent le seul rempart contre les attaques. Le préjudice causé annuellement par les cybercriminels est estimé approximativement à 250 milliards de $. La difficulté réside aussi dans le fait que ces crimes sont difficiles à remonter et transfrontaliers, mais aussi de l'absence d'un outil international. Jusqu'à présent, une quarantaine de pays ont signé la convention internationale contre la cybercriminalité. Comment alors pister dans ce cas les 34 milliards de pages Web visibles et 260 milliards pages non apparentes ? Avec un système de veille et une collaboration avec les autres institutions, a estimé le colonel Hallab. Sur le plan juridique, nous apprenons qu'une nouvelle loi en cours d'élaboration, plus précise, sera présentée incessamment. Les gendarmes opèrent maintenant sur réquisition du procureur et procèdent à des perquisitions informatiques. L'objectif, résumera M. Hallab, est de préserver la sécurité du pays, avec la participation des autres institutions contre toute attaque malveillante. Djilali B.