Se basant sur les réalisations de la dernière campagne, les agents de voyages du pays ont accepté, selon une source proche du secteur, un surplus de 15 000 dossiers. Une demande qui s'avère, une fois le programme des vols arrêté, impossible à satisfaire dans les conditions actuelles. Les causes de ce déficit entre la demande et l'offre au sein d'un marché des plus juteux sont multiples mais la plus importante reste liée à l'effet de saisonnalité. Cette année, la campagne omra coïncide avec la haute saison du tourisme balnéaire. Du coup, les compagnies vers lesquelles se tourne d'habitude Air Algérie pour étoffer son programme omra sont fortement sollicitées par les grands clients de leurs pays respectifs. C'est le cas de Saudia et de Turkish. L'Arabie Saoudite est une grande place émettrice de touristes alors que la Turquie est une importante destination balnéaire. Ainsi, l'apport de ces dernières compagnies se limite pour le moment, selon nos sources, aux seuls vols réguliers, ce qui est incompatible avec une situation exceptionnelle où seuls le recours aux charters est à même de permettre une gestion souple de l'événement. Nos mêmes sources signalent aussi la responsabilité des agences de voyages du moment qu'elles acceptent un nombre de dossiers supérieur aux blocs sièges alloués. Toutefois, on reconnaît qu'il est impossible de gérer les demandes quand les programmes de vols sont arrêtés bien avant le début des réservations, soit depuis le mois d'avril dernier. Le facteur temps est le premier allié d'une bonne gestion prévisionnelle, ce qui n'est pas le cas. Nos sources précisent que sans le bon réflexe des autorités consulaires saoudiennes, la situation serait pire. Cette année, le consulat du royaume, dans le cadre d'une meilleure gestion de la procédure de délivrances des visas, a subordonné la présentation des passeports à celle des billets d'avion. Une mesure à même de réguler les demandes de visa, qui deviennent, par moments, fantaisistes et provoquent une forte pression sur les services consulaires appelés à mobiliser de nouveaux effectifs et moduler les heures et jours de travail. Ainsi, cette année, plus que d'habitude, le pavillon algérien doit faire face à ce dysfonctionnement en recourant à des gymnastiques en matière de programmation des vols et des équipages. Une tâche difficile d'autant que la campagne omra chevauche avec la haute saison estivale. La tendance va s'accentuer du moment que le mois de Ramadhan, qui enregistre le pic de la demande sur la omra, s'installe pour au moins les 6 prochaines années en été. À ce stade, un effort doit être consenti dans la gestion du volet transport aérien lors de la campagne omra en introduisant des facilitations dans le recours des pools des agences de voyages algériennes aux vols charters dans le respect des règles de la sécurité aérienne. La omra, qui est un produit touristique avant tout, doit être gérée comme tout produit économique. Les 15 000 demandes non satisfaites cette année sont à comptabiliser en manque à gagner pour les agents de voyages déjà affaiblis par le passage progressif à la commission zéro en billetterie et la situation sécuritaire pas toujours propice au tourisme réceptif. Pour rappel, la omra, avec el hadj, est le premier produit touristique dans les pays arabes. Les opérateurs économiques du pays récepteur, l'Arabie Saoudite, engrangent chaque année un chiffre d'affaires supérieur à 10 milliards de dollars. En Algérie, 99% des agences de voyages maintiennent leur existence grâce à cette manne. Mourad KEZZAR