La Coordination d'Alger paralysera les établissements secondaires de la capitale durant trois jours. La Coordination des lycées d'Alger radicalise son mouvement de protestation. Les enseignants et les travailleurs des établissements du secondaire d'Alger et affiliés à la Coordination brandissent de nouveau la menace de la grève. Ils entreront en débrayage à partir d'aujourd'hui et ce, pendant trois jours. La paralysie des lycées prévue les 20, 21 et 22 du mois courant est motivée par l'“indifférence” et le “mutisme” affichés jusque-là par la tutelle vis-à-vis des doléances des PES. Dans un appel adressé aux professeurs du cycle secondaire, la Coordination des lycées d'Alger soutient que l'urgence d'une telle action de protestation est motivée par l'amélioration du statut matériel, moral et social des enseignants et des travailleurs du troisième palier. Elle résume les revendications de la corporation en trois points, à savoir “l'augmentation des salaires à 100% avec revalorisation du point indiciaire, la réduction de l'âge de départ à la retraite à 25 ans de service effectif, ainsi que la création de postes budgétaires”. Pour la Coordination, les adhérents sont déterminés à “augmenter la pression sur les pouvoirs publics durant le troisième trimestre, quitte à bloquer toute activité pour que la voix des enseignants et travailleurs soit entendue”. Ce troisième mouvement de débrayage après celui des 17, 18 et 19 février et celui des 9, 10 et 11 mars derniers est considéré, par ce nouveau syndicat d'Alger, comme une “occasion historique” pour faire aboutir sa cause, tout en transcendant les “divergences” et “radicalisant leur action”. La coordination dénonce par la même le mépris affiché par le ministère de l'Education nationale et les attaques répétées de l'académie contre les droits fondamentaux, tels que le droit de porter ses revendications. Pour clore son action, la coordination tiendra, mardi prochain, dernier jour de la grève, une réunion qui regroupera l'ensemble des lycées d'Alger qui ont suivi le mot d'ordre et ce, pour décider de l'ultimatum à adresser aux pouvoirs publics, au cas où le département ministériel de Salah Nourreddine se confinerait dans le silence. Contactée par nos soins, une source du ministère de l'Education nationale confie que le département du tutelle réitère sa position connue jusque-là, tout en privilégiant la voix du dialogue. Notre interlocuteur rappelle, néanmoins, que la revendication liée à l'augmentation des salaires relève des prérogatives de la Fonction publique et que toute revalorisation se discute évidemment toujours en bipartite (entre le gouvernement et l'UGTA). La même source ajoute que les PES ont déjà bénéficié d'une augmentation de l'ordre de 2 900 dinars par mois. S'agissant de la réduction de l'âge de départ en retraite, cette revendication est, dit-on, régie par des textes de loi de la République et qu'elle constitue l'aboutissement d'un consensus social. A propos du troisième point inscrit dans la plate-forme de revendications, notre interlocuteur précise, toutefois, que la tutelle prend en charge cette question à l'échelle nationale. Pour notre source, les postes budgétaires qui étaient gelés depuis 1995 ont été débloqués l'été dernier, en décidant de l'intégration de 37 000 enseignants vacataires. Le ministère est doté, chaque année, d'un nombre de postes budgétaires qui s'attribuent selon des règles de recrutement communément admises (concours). Il est à rappeler que pour 2003, le ministère de tutelle a débloqué quelque 1 145 poste à pourvoir. Entre les arguments des uns et des autres, le lycéen demeure le meilleur otage des conflits à propos desquels il n'a jamais été consulté. Au-delà de la qualité de l'enseignement dispensé, l'élève fera encore, malgré lui, les frais de la position politique de Salah Nourreddine et des revendications des PES. R. H.