Ce ne sont pas les occasions qui nous ont manqué de constater que, du côté du Moyen-Orient, nous ne comptons pas, loin s'en faut, que des amis et des frères comme nous nous plaisons à le clamer. Les Algériens ont la fâcheuse habitude de s'indigner et d'exprimer fort leur stupéfaction chaque fois que notre pays est pris pour cible par un organe de presse ou par une personnalité de quelque niveau que ce soit du monde arabe. C'est que la conviction est si solidement ancrée dans de nombreux esprits que l'Algérie est partie intégrante de la nation arabe, à force de répétition – de conditionnement, doit-on dire – qu'il paraît anormal que des Arabes dignes de ce nom s'en prennent à nous. Pourtant, ce ne sont pas les occasions qui nous ont manqué de constater que, du côté du Moyen-Orient, nous ne comptons pas, loin s'en faut, que des amis et des frères comme nous nous plaisons à le clamer. Comme le premier chef d'Etat de l'Algérie indépendante l'a crié à plein gosier à la face de ceux qui auraient pu être effleurés par le plus léger doute. Et tout se passe encore aujourd'hui comme si nous nous efforcions de savoir gré aux pays de l'univers arabo-musulman de ne pas nous renier, de nous considérer comme l'un des leurs. Et lorsque des attitudes, actes, et autres déclarations viennent à relativiser cette notion d'appartenance dans ses différentes acceptions, on s'en étonne comme d'une incongruité ou d'une faute de frappe. Il faut aujourd'hui pouvoir s'avouer que les projets d'alliance et les théories de la géopolitique ne s'encombrent pas de considérations subjectives comme ces vieilles sornettes de fraternité indissoluble et inaltérable. Que les grands ensembles se construisent sur des assises fermes, qui n'ont rien à voir avec les bons sentiments, les accolades et les expressions les plus ostensibles de la fourberie et de la flagornerie. Il y a des jeux d'intérêts qui dictent aux uns et aux autres des conduites dont l'Algérie a pourtant douloureusement éprouvé les effets au temps où ses fondements républicains et jusqu'à son existence en tant que nation étaient sérieusement menacés. Faut-il aujourd'hui s'étonner d'un acte qui relèverait de la délation si son objet était fondé et, en tout état de cause, porteur de dividendes potentiels pour ses auteurs. M. A.