RESUME : Après une semaine d'hospitalisation, son état est toujours le même. C'est à contrecoeur que Mehdi retourne travailler. Il ne cesse de penser à sa mère. Elle est jeune, elle a tant de choses à vivre. Et à leur dire. En fin de semaine, il va à l'hôpital. Il est surpris de ne pas l'y trouver… -Comment ça ? demande Mehdi. L'infirmière, visiblement, est quelqu'un d'habituer à annoncer les mauvaises nouvelles. - Elle ne cligne plus des yeux… Son œdème cérébral est toujours aussi important, dit-elle. Les derniers examens n'ont pas été très concluants. - Pourquoi n'est-elle plus hospitalisée ? - On ne peut rien pour elle, répond-elle. Le médecin et le neurologue ont dit qu'elle sera mieux, chez elle… Il faudra être patient. - Ils lui ont prescrit un traitement ? - Non ! Mehdi voudrait voir le neurologue mais ce dernier n'est pas de service. Il quitte l'hôpital et rentre à la maison. Toute la famille est là. Ses oncles, ses tantes et même des cousins et cousines éloignés. Dès qu'ils ont su, ils sont venus. Maria est étendue sur un lit et ses yeux sont mi-clos. Ses sœurs se tiennent près d'elle. Elles doivent faire de l'espace pour qu'il puisse s'approcher d'elle. - Bonjour maman… Il lui caresse le visage. Il peut voir les paupières frémir mais elles ne se soulèvent pas. Il s'assied et se tient de façon à la regarder dans les yeux même si c'est à peine si on les voit. - Je suis là maman, dit-il en prenant sa main dans la sienne. Toute la famille est là pour te soutenir… Tu t'en remettras avec l'aide de Dieu et de toute la famille… Il croise le regard abattu de son père et ceux, désespérés, de ses sœurs. Lila pleure. Elle voudrait être aussi optimiste que lui. Warda entre dans le salon, avec du café. Elle sert les invités. Elle hausse les sourcils, en voyant son mari. - Sois le bienvenu, lui dit-elle. Il y a longtemps que tu es là ? - Quelques minutes. - Un café ? lui propose-t-elle. Mehdi hoche la tête. Elle le sert et s'apprête à retourner à la cuisine quand il lui fait remarquer qu'elle a oublié de servir son père. - Il en a déjà pris, répond-elle sans le regarder. Elle retourne à la cuisine et Mehdi ne tarde pas à l'y rejoindre. Il a senti que quelque chose n'allait pas. Il la trouve en train de rincer la vaisselle du déjeuner. Apparemment, les invités ont déjeuné chez eux. - Tu dois être épuisée, remarque-t-il en retroussant les manches de sa chemise. Laisse-moi un peu de place.Tu veux bien que je t'aide ? - Et comment !réplique-t-elle en soupirant. Je suis morte de fatigue… La nuit, je reste au chevet de ta mère. C'est seulement lorsqu'elle souffre qu'on peut le savoir… Elle gémit… Elle ne pleure plus, lui apprend-elle en larmes. Et elle ne mange presque pas… Juste des soupes et des jus de fruits… Elle ne prend que trois ou quatre gorgées ! Elle est faible et elle commence à avoir des eschares au dos… et même aux fesses ! - Si elle n'est pas propre, c'est inévitable, dit Mehdi. Quant à son dos, il faut qu'elle change de position. - C'est ce qu'on fait, le rassure-t-elle. Elle a eu des diarrhées… Je passe mon temps à lui faire la toilette. - Tu commences déjà à te plaindre, rétorque-t-il. Alors qu'elle n'est au lit que depuis trois semaines ! - Mon devoir, je l'accomplirai, que je sois fatiguée ou pas, se défend-elle. Seulement, je suis gênée… Ton père tient à m'aider et c'est horrible ! Je me passerais volontiers de sa présence ! Est-ce que tu peux lui en toucher deux mots, le prie-t-elle. Je peux me débrouiller seule ou sinon ta sœur m'aidera… Mais pas lui ! Est-ce que tu comprends ma gêne ? Mehdi hoche la tête. Il comprend qu'elle veuille que la toilette se fasse entre femmes. Son père devrait le savoir… A. K. (À suivre)