Les accords préférentiels conclus par l'Algérie ne sont pas encore suffisamment exploités par les exportateurs. Le niveau des exportations vers les pays de l'Union européenne reste faible. Les opérateurs ne profitent pas ainsi des opportunités offertes par l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE entré en vigueur depuis le 1er septembre 2005. Pourtant, les deux tiers des exportations hors hydrocarbures sont à destination du vieux continent. Les contingents accordés sont, certes, dérisoires, mais ils ne sont consommés qu'à hauteur de 10%. Dans ce cadre, des exonérations totales de droits de douane sans limitation de quantité ne sont pas utilisées. Il a été exporté vers l'UE 735 millions de dollars contre 552 millions de dollars en 2005, soit une hausse de 33%. Ce montant demeure cependant modeste. La consommation des contingents accordés à l'Algérie pour les produits soumis à quota est également insignifiante puisqu'elle ne dépasse pas les 6%. Le constat est établi par M. Bennini, directeur général de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex). La persistance de cette faiblesse des exportations peut être expliquée, selon lui, par le manque d'exploitation des opportunités offertes par l'accord avec l'UE. Le directeur général d'Algex évoque comme argument une faiblesse de l'offre en termes de qualité. Pour lui, les circuits de commercialisation sont défaillants et déconnectés des réseaux de distribution internationaux. Les instruments de promotion des exportations sont timides, alors que la politique d'accompagnement des exportateurs en termes de perspectives et de connaissances des marchés n'existe pas. Au cours de la rencontre avec les exportateurs, organisée hier, M. Bennini relève aussi la nature du marché européen caractérisée par une concurrence forte. Une autre raison favorise, souligne le directeur général, une telle situation. Il s'agit de la multiplicité des pays qui profitent des mêmes concessions tarifaires, voire de plus d'avantages pour l'accès de leurs produits au marché européen. Pour sa part, le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal) estime que durant la période 1995-2006, les exportations hors hydrocarbures ont connu une stabilité relative, mais aucune évolution significative et encourageante n'est à signaler. M. Benslimani parle d'une inadaptation de l'environnement économique, de retard dans la mise à niveau des entreprises, d'un manque de professionnalisme, de la bureaucratie… autant de facteurs freinant les exportations. Des produits exportables existent, des marchés à l'export sont identifiés mais, déplore un ancien exportateur, les lenteurs administratives bloquent ces opérations. Pour illustrer ces blocages, il indique qu'une demande d'autorisation d'exportation reste, dans son cheminement administratif, quatre mois entre le responsable divisionnaire des douanes et le ministère du Commerce. “Nous ne sommes pas des voleurs, nous sommes des opérateurs”, lancera à qui veut l'entendre le président de l'Anexal. Une manière de dire que les exportateurs sont toujours montrés du doigt. Or, sur les 500 exportateurs recensés seuls quelques-uns s'adonnent à des pratiques frauduleuses. “Nous ne sommes pas des voleurs !” La justice et autres institutions compétentes doivent, propose-t-il, sanctionner ces trafiquants. Il a mis l'accent sur les problèmes qui rendent difficiles les exportations de divers produits. Il a cité la contrainte du foncier, notamment les titres de propriété des terres. Le président de cette organisation parle d'interférences entre le ministère du Commerce, de la Banque d'Algérie et des Douanes. Il se demande pourquoi le département de M. Djaâboub et les Douanes exigent une attestation de rapatriement, alors que les règles de la Banque centrale sont claires à ce propos. M. Benslimani pense que la refonte du système bancaire contribuera aussi à la promotion des exportations. “Pour réussir nos exportations, il faut au préalable organiser le marché national”, ajoute-t-il en signalant l'urgence de mettre en place un environnement juridique et réglementaire et un dispositif institutionnel d'appui aux exportations hors hydrocarbures “harmonieux, efficace et en adéquation avec les évolutions du contexte économique mondial marqué par certains accords, comme l'UE et l'OMC”. Présent à cette rencontre, le ministre du Commerce a pris en considération tous ces problèmes et a promis de les étudier avec les opérateurs à compter de la semaine prochaine. Cette approche lui permettrait, entre autres paramètres, de concrétiser son objectif de 2 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures à l'horizon 2010. M. Djaâboub fustige, en outre, les frondeurs qui s'élèvent contre l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'UE. Ces deux démarches, argue-t-il, ne portent pas atteinte à l'économie nationale. Car, celle-ci a atteint son plus bas niveau avant la conclusion de cet accord avec l'Union européenne et le processus d'accession à l'OMC. Il promet, cependant, l'installation d'un conseil national pour la promotion des exportations au plus tard en janvier prochain. Badreddine KHRIS