Hier, la cellule d'écoute et de prévention de la délinquance juvénile du groupement d'Alger a fait escale au lycée Ibn-Rochd de Blida. Elle peut être à l'origine d'un drame social, de la dislocation de la cellule familiale, de la déchéance, d'actes impensables. Un véritable fléau contre lequel les gouvernements du monde entier sont unanimement mobilisés. Il s'agit bien sûr de la drogue sous toutes ses formes et variétés. C'est dans ce cadre que la Gendarmerie nationale a inscrit un programme de lutte, parallèle à celle menée sur le terrain, notamment au niveau des régions considérées comme des zones de transit, dans les établissements scolaires en collaboration avec les Directions de l'éducation. Hier, la cellule d'écoute et de prévention de la délinquance juvénile du groupement d'Alger a fait escale au lycée Ibn-Rochd de Blida. Le plus vieil établissement et le plus important de la ville des Roses construit en 1880 et comptant plus de 1 400 élèves. Le thème de la rencontre a de quoi attirer les adolescents présents en grand nombre dans l'amphithéâtre : l'exploitation des jeunes dans les domaines du crime, des stupéfiants, agressions, émigration irrégulière (harragas) et les opérations kamikazes utilisées depuis quelque temps par les terroristes et exécutées par des jeunes innocents endoctrinés. “Des bombes humaines”, dira l'un des intervenants de la cellule d'écoute. “À l'origine c'est la drogue”, accuse l'interlocuteur. Opium, kif, cocaïne, psychotropes et autres hallucinogènes sont responsables d'actes ignobles inimaginables. Quant au trafic de ces drogues, ce n'est pas l'imagination qui manque aux narcotrafiquants. Les diaporamas à l'appui montrent des boîtes de conserve, noix, bouteilles de boissons alcoolisées, cintres, plateaux en métal, jeans, chaussures...etc., des aliments et objets bourrés de poudre blanche. La vigilance des services compétents ne suffit pas parfois. Les lycéens redoublent d'intérêt dès l'intervention de la psychologue Fatma-Zohra Boukaoula qui a su accaparer l'attention des adolescents avec son langage populaire et terre à terre. “La zetla” est la cause de tous les maux cités, souligne-t-elle. Cassant les tabous, elle raconte l'histoire de l'éclatement d'une petite famille dont la mère subvient aux besoins de son fils aîné de 18 ans et de sa fille de 17 ans. Cette dernière a purement et simplement subi le pire des viols commis sur elle par son frère, un désœuvré livré à lui-même en l'absence totale de sa maman préoccupée par les aléas quotidiens. Un garçon qui passe le plus clair de son temps dans les coins sombres du quartier à se défoncer ou se saouler au “zombréto”. Un beau jour, il rentre à la maison dans un état second et commet l'irréparable : la fille tait le déshonneur mais doit se rendre à l'évidence en constatant qu'au fil des mois, son ventre prend du volume. Le résultat du drame est insoutenable. Le garçon en prison, la fille dans un centre de redressement, et la maman seule entre les deux visites. Une bien triste histoire que les lycéens suivent avec stupeur. Constatant cet état, elle parle de cette vieille femme battue quotidiennement par son fils, un mineur de 17 ans, plongé depuis quelque temps dans le monde sombre de la drogue. La bonne femme s'abstient d'en faire part à la police, craignant la prison à sa progéniture. Des cas qui n'ont pas laissé indifférents les filles et les garçons d'Ibn Rochd. Indignation, stupéfaction et condamnation des actes. À noter enfin que le bilan des 10 derniers mois concernant la population délinquante parle de 39 000 personnes arrêtées dont 18 000 pour la tranche de 18 à 29 ans. Criminalité des 10 derniers mois 2007 Personnes écrouées : Droit commun : 34 583 Trafic de stupéfiants : 2 769 Contrebande : 2 622 Emigration irrégulière : 1 049 Fausse monnaie : 127 Trafic de véhicules : 151 Saisies Cannabis : 4 562 kg Psychotropes : 64 900 comprimés Cigarettes : 295 175 cartouches Carburant : 748 217 litres Boissons alcoolisées : 5 691 bouteilles Produits alimentaires : 638 tonnes Véhicules : 1 388 Ali Farès