Le ministère de l'Intérieur tente de dégager sa responsabilité de tout ce qui adviendra lors de ce vote en la rejetant sur les partis impliqués dans la course. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales par la voix de son directeur des libertés, M. Mohamed Talbi, a déploré hier le manque d'empressement de certains partis politiques qui, a-t-il dit, “n'ont pas exploité” les panneaux publicitaires réservés à la campagne électorale. M. Talbi a, en effet, relevé, lors d'une conférence de presse animée au siège de l'ENTV, que ces formations n'avaient pas encore utilisé les panneaux d'affichage des listes de candidats “bien que l'administration ait mis en place tous les moyens pour garantir le bon déroulement de la campagne électorale”. Si le constat fait par ce responsable au ministère de l'Intérieur n'est pas tout à fait faux, la remarque n'est, apparemment, pas dénuée de toute arrière-pensée. Le peu d'engouement manifesté par les citoyens à travers le territoire national pour les activités organisées dans le cadre de la campagne électorale fait, d'ailleurs, planer une nouvelle fois le spectre de l'abstention sur le rendez-vous du 29 novembre. Le ministère de l'Intérieur tente ainsi de dégager sa responsabilité de tout ce qui adviendra lors de ce vote en la rejetant sur les partis impliqués dans la course. Les propos de M. Talbi, concernant justement l'abstention, confirme cette manière de voir du ministère de l'Intérieur. Interrogé sur cette question, le directeur des libertés a, en effet, précisé que cela dépendait de la “capacité des partis à sensibiliser et à mobiliser les citoyens autour de leur programme électoral, et non de l'administration qui a joué pleinement le rôle qui lui incombe dans pareilles échéances”. Une position qui va, d'ailleurs, en droite ligne des déclarations de M. Noureddine Zerhouni, tenues à l'issue des dernières législatives et répétées la semaine dernière, et dans lesquelles il n'avait cessé de rejeter la balle sur les formations politiques suite au niveau d'abstention historique enregistré. M. Talbi a, dans ce contexte, appelé les citoyens à participer massivement à ces élections pour choisir les personnes “compétentes capables de résoudre les problèmes quotidiens des citoyens”. M. Talbi s'est également défendu par rapport à la décision de refus du ministère de l'Intérieur d'instituer une commission de surveillance du scrutin comme cela se faisait auparavant. Pour lui, “certains partis ont, eux-mêmes, appelé à ne pas constituer cette commission, affirmant qu'il est inconcevable que cette dernière se transforme en une source d'affairisme et de richesse”. Il s'est, en tout cas, contenté de dire que les élections locales “se dérouleront en présence des représentants des partis dans les bureaux de vote qui surveilleront le déroulement du scrutin jusqu'à la réception du procès-verbal du dépouillement et feront part des irrégularités qu'ils auront à observer”. Concernant le rejet des dossiers de certains candidats, M. Talbi a indiqué que “l'administration a examiné 141 543 dossiers de candidatures dans 8 664 listes dont 330 listes APW et 8 334 listes APC et a rejeté la candidature de certains”, car “leur candidature est contraire à la loi sur la réconciliation nationale pour certains, d'autres ayant été condamnés à la prison et d'autres pour s'être présentés sur deux listes”. Plusieurs partis de l'opposition avaient contesté le rôle joué par l'administration dans la sélection des candidatures et des listes, dénonçant par là même son absence de neutralité dans le traitement des dossiers. Le représentant du ministère de l'Intérieur a, par ailleurs, livré quelques chiffres quant à cette opération qui a précédé l'ouverture de la campagne électorale. Il a, ainsi, précisé que 177 recours ont été introduits concernant les APW et 1 364 pour les APC. 83% des candidats aux prochaines assemblées locales ont moins de 50 ans et 53% environ ont un niveau d'instruction appréciable, a-t-il précisé, estimant que ce fait “dénote d'une amélioration qualitative qui pourrait encourager le citoyen à voter”. S'agissant des correspondances adressées aux citoyens par le ministère de l'Intérieur après les élections législatives du 17 mai dernier, M. Talbi a indiqué que “les 3 millions de lettres qui ont été envoyées étaient une expérience dont le but n'était nullement la radiation des citoyens des listes électorales ni encore moins une opération à dimension politique”. Cette opération, s'est-il défendu, est “un moyen d'assainir les listes électorales en définissant les personnes qui ont changé leur lieu de résidence”, précisant qu'“elle se poursuivra après ces élections afin de mettre en place une nouvelle carte électorale nationale”. H. Saïdani/APS