Des parents, non satisfaits par les dernières déclarations officielles, veulent saisir les députés. Des associations ont lancé une initiative similaire auprès des représentants des partis politiques. Les récentes déclarations du ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, selon lesquelles les autorités tunisiennes n'auraient rien à se reprocher quant aux disparitions de harragas transitant par leurs eaux territoriales, n'ont pas convaincu. Bien au contraire, elles ont scandalisé les parents de ces derniers, notamment ceux résidant dans la wilaya de Annaba. L'un de ces derniers, Lazhar Hadef, dont le frère cadet, Riad, qui faisait partie d'un groupe de 7 candidats à l'émigration clandestine, est décédé en Tunisie le 30 mai dernier, cinq jours après qu'il eut quitté les rives algériennes, a décidé de monter au créneau pour crier sa colère. Les autres parents de harragas sans nouvelles de leurs enfants évaporés dans la nature, depuis plus d'une année pour certains, encouragent l'initiative de Lazhar Hadef. Ils projettent même de contacter individuellement les membres de l'APN, dès aujourd'hui, pour remettre à ces derniers un mémorandum sur le phénomène de l'émigration clandestine. À signaler que le président de l'association, Kamel Benabed, accompagné de Boubakeur Sabouni, a entrepris une démarche similaire auprès des représentants de parti politique. Selon son frère, Réda serait mort dans des circonstances qu'il qualifie de suspectes, suite à son repêchage par les gardes-côtes tunisiens, à environ 5 miles du Cap-Bon. La version se rapportant aux conditions dans lesquelles la dépouille de son défunt frère aurait été interceptée, autant que celles expliquant les causes de sa mort, ne serait pas crédible de l'avis de Lazhar. Il exige l'ouverture d'une enquête parlementaire maintenant que le gouvernement exclut officiellement toute implication des autorités tunisiennes. Avec le recul, il dit avoir fait le recoupement nécessaire entre les arguments et les documents légaux qui lui ont été remis par les autorités locales, ce qu'il a lui-même constaté sur les lieux. Sa quête personnelle de vérité lui permet de dire aujourd'hui, plus de cinq mois après le drame, que son frère n'est pas mort des suites de son naufrage, comme l'affirment les officiels tunisiens. “Je suis en possession d'au moins un document attestant que Riad a été assassiné. Il s'agit du permis d'inhumer signé le 31 mai 2007 par la direction des gardes-côtes de Kelibia et entériné par le juge d'instruction près le tribunal de Gramblia. Sur ce document, il est spécifié en toutes lettres que mon frère était mort au moment où il a été repêché et que les gardes-côtes avaient alors conclu qu'il a succombé suite à des coups et blessures volontaires”, déclare-t-il. Et de continuer : “Je n'ai pas inventé ce document. Il existe une copie dans le dossier qui a été remis à notre représentation diplomatique en Tunisie. Ce qui me chiffonne et m'autorise à douter, c'est que ce constat officiel est en totale contradiction avec le compte rendu du médecin légiste de l'hôpital régional Maâmouri de Nabeul où la dépouille de Riad a subi une expertise. Par ce document, le Dr Khaled Behir atteste tacitement sur la base d'un rapport signé par son confrère, le Dr Nabil Baghdadi, urgentiste au niveau de l'hôpital d'El-Houaria, que mon frère était encore dans un état comateux au moment de son admission et qu'il n'a rendu l'âme que 45 minutes plus tard, après qu'on a tenté de le ranimer. J'ai pu me rendre compte qu'il portait une profonde plaie au bas de la nuque. La blessure était encore sanguinolente et grossièrement suturée, cela ne m'avait que vaguement intrigué sur le coup, j'étais alors tout à mon chagrin. Maintenant avec le temps, je me pose des questions sur la cause de ces séquelles…” Pour ce parent affligé, qui affirme qu'il ne trouverait pas la paix tant que la vérité n'aura pas été faite sur le décès de Riad, il existe beaucoup d'autres zones d'ombre sur l'interception de la barque sur laquelle ce dernier se trouvait. A. ALLIA