“Le peuple algérien est en colère parce qu'il voit tous les jours ses enfants périr en haute mer et se faire manger par les poissons”, s'est écriée, avant-hier à Oran et à Mostaganem, la secrétaire générale du Parti des travailleurs lors de deux meetings qu'elle a animés. Dans une salle archicomble, Louisa Hanoune n'a pas dérogé à la règle, fustigeant les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays. Pour elle, leur responsabilité “est entière” car des “familles meurent dans des embarcations de fortune pour rejoindre les côtes espagnoles”. “Oran n'est plus la capitale de la “harga” car elle est largement dépassée par la wilaya de Annaba”, affirme Louisa Hanoune. La généralisation de ce phénomène, selon l'oratrice, est la résultante du chômage généré par la “désertification industrielle et le désengagement de l'Etat édictés par les institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale, l'Union européenne et l'OMC”. Interpellant les ministres de l'Industrie, de l'Economie et des Finances, Louisa Hanoune leur suggère de “relancer l'industrie nationale, de développer les services publics tout en impulsant une vraie réforme agraire”. Selon elle, l'Etat doit investir dans les entreprises publiques les 5,2 milliards nécessaires à leur sauvetage afin, souligne-t-elle, de préserver les 600 000 emplois permanents. “Nous pensons que l'Etat doit se réapproprier ses pleines missions économiques et de contrôle pour mettre fin au massacre du patrimoine public et à la liquidation massive des emplois stables”, a affirmé la députée du PT. La radicalisation du discours politique de Louisa Hanoune stigmatise les “responsables à l'origine de la fermeture de 1 500 entreprises qui ressemblent à des cimetières”, préconisant “l'inscription des projets d'investissement public (…) pour que les unités de production versent leurs impôts directement aux communes d'implantation”. Décrétant l'état actuel du pays de “catastrophique”, Louisa Hanoune a mis en garde contre la création d'un “code de l'indigénat bis en Algérie (et) qui ne fera qu'aggraver encore la crise multidimensionnelle.” Dans son intervention, la secrétaire générale du PT ne manquera pas de soulever l'inadéquation entre la production nationale, les programmes des institutions financières internationales et l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. “Il est aberrant de constater que seulement 66% des postes de travail sont de vacation, alors que 2,5 millions de personnes travaillant au noir ne bénéficient pas des avantages de la Sécurité sociale dans un pays où le désengagement de l'Etat fait perdre 144 milliards de dinars au Trésor public chaque année”, dira Louisa Hanoune. M. O. T./K. REGUIEG