À l'école des non-voyants de Boukhalfa, le conflit social qui couvait depuis le 10 du mois en cours a connu son épilogue hier. En effet, les travailleurs de l'école de Boukhalfa ont jugé judicieux de reprendre le service. Jusque-là, les élèves non voyants ont été pris en otages par un conflit opposant les travailleurs à la direction de l'école. Les travailleurs de l'école des jeunes non voyants (EJA) de Boukhalfa (commune de Tizi Ouzou) on entamé une grève depuis le 10 novembre courant pour exiger la démission du directeur de l'établissement auquel il reproché son “comportement inadmissible”, avec les employés. Les parties en conflit (syndicalistes et direction) se renvoyaient la balle, chacune allant de sa propre version des faits. Réfutant la solidarité de l'association des parents d'élèves avec le directeur de l'établissement, les syndicalistes affirment “qu'il n'existe aucune APE agréée actuellement à l'EJA de Boukhalfa”, expliquant que “la personne qui prétendait être son président, de son état père d'un enfant handicapé, n'a jamais été élu comme tel (…)”. De plus, “par son truchement avec le directeur de l'établissement, cette personne empêchait plutôt les travailleurs de s'organiser. La preuve de la connivence de ce pseudo-président de l'APE avec l'administration (EJA-DAS), est la lettre de “solidarité des parents avec le directeur datée du 5 novembre, alors que notre grève n'a débuté que le 10 du même mois”, se sont étonnés nos interlocuteurs, qui ajoutent qu'un de leurs camarades, enseignants et SG de la section syndicale, avait fait l'objet, le 24 février dernier, d'une “agression physique” dans l'enceinte de l'établissement de la part de cette personne. Un “acte” qui a valu à la victime un arrêt de travail de neuf jours. Cela a entraîné, quatre jours plus tard, la tenue d'une demi-journée de protestation, ajoutent-ils, enchaînant que le débrayage actuel est “la conséquence de l'épuisement de tous les recours possibles (négociations, réconciliations, préavis de grève...). Notre action est l'ultime recours pour que l'ensemble des travailleurs recouvrent leur dignité bafouée par le despotisme, les insultes et autres indécences de la part de M. le directeur de l'EJA”. Pour ces syndicalistes, les bons résultats des élèves “sont l'œuvre des travailleurs grévistes (des enseignants, des psychologues, agents des services et d'administration), véritables artisans de ces honorables succès dont ils sont aujourd'hui fiers et ne demandent qu'à poursuivre (cette œuvre) dans des conditions dignes d'adultes, respectés et respectueux”. Ils ont affirmé, par ailleurs, que “trois femmes de ménage vacataires qui se sont solidarisées avec la trentaine de travailleurs grévistes ont déjà reçu des décisions de leur licenciement”. Pour sa part le directeur de l'EJA, M. Chibane, indique avoir déposé une plainte au tribunal de Tizi Ouzou quant à “l'illégalité” de la grève et dont l'enrôlement aura lieu dimanche prochain. En ce qui le concerne, notre interlocuteur rappelle avoir hérité, à sa mutation dans l'établissement en 2003, d'une dette de 7 000 000 de DA, avant de “faire face aux perturbations de la section syndicale qui ont commencé en 2004”. Après avoir “redressé la situation”, les animateurs de cette protestation “voudraient décider à ma place, s'ingérer dans la gestion, avec diverses revendications illégales”. Disposé au dialogue ? lui avons-nous demandé. “J'en étais de tout temps disposé et j'ai invité tout le monde à la discussion, en présence de l'inspection du Travail, mais en vain, puisque c'est la partie syndicale qui refuse de se mettre à la table de discussion en boycottant à chaque fois les réunions de travail, de conseil de classes, d'évaluation portant sur des études et examens de cas, les réunions de conseils médico-pédagogiques. Nos syndicalistes ont même refusé le renouvellement de la commission paritaire rattachée à la DAS, en tentant de bloquer les opérations de recrutement dans le cadre du PGRI (plan de gestion des ressources humaines)”. Le même responsable se dit confronté à “l'absentéisme chronique pour des prétextes de réunions syndicales, tenues au détriment de la scolarité des enfants, à l'insubordination en groupe dans l'exécution de décisions de la direction”. Il affirme que “les droits acquis pour ces travailleurs sont pourtant de tout temps assurés : versement régulier du traitement des travailleurs au début de chaque mois (perception quasi à l'avance des salaires, soit entre le 5 et le 6 du mois), primes et rappels versés dans les délais, avancement régulier des carrières, bénéfice de promotions dans les différents grades, assurance du transport de Boukhalfa à Tizi Ouzou, de la cantine avec un prix dérisoire (15 à 25 DA le repas, selon les catégories), hébergement et restauration totale pour ceux qui habitent loin, notamment les femmes, aménagement des horaires de travail pour les mères de famille, etc.” Pour “illégalité” de la grève, le responsable de l'école indique avoir déposé une plainte en référé auprès de la justice à Tizi Ouzou. En fonction du jugement qui en découlerait de l'affaire, ajoute-t-il, une autre action pour diffamation sera ensuite enclenchée à l'encontre des syndicats et certains travailleurs grévistes qui ont traité de “harkis” des travailleurs n'ayant pas voulu participer au débrayage. Mettant en garde contre tout empêchement des élèves d'accéder à l'école, il avise parents et professeurs pour assurer dans les normes la scolarité des élèves à partir de samedi 17 novembre 2007. Depuis cette date, affirme-t-il, le transport est assuré à partir de la station dite “Des Pères blancs” vers Boukhalfa, conformément au programme tracé pour appliquer les décisions de la tutelle consistant au ramassage scolaire. SALAH YERMÈCHE