Seul face aux services de sécurité qui “le chassent” et le “récupèrent” de loin, et à une société placide et sans réflexes protecteurs, le mineur en Algérie a de tout temps été considéré comme “un danger potentiel”. En proie à tous les fléaux, l'enfant mineur continue, malgré l'arsenal juridique et législatif, à subir les “clichés accusateurs” d'une société en mal de repère et qui ne se soucie guère de cette frange tant négligée. Et si le ministère de la Justice a décidé de se pencher sur ce sujet, c'est que le diagnostic établi, notamment par la Gendarmerie nationale à travers les cours de sensibilisation en direction des délinquants, donne matière à réfléchir quand on sait que certaines “têtes” de groupes de trafiquants appréhendées ne dépassent pas les 13/14 ans. Soit “l'âge d'or de la scolarité”. En effet, et avec l'appui de l'Unicef, le département de Tayeb Belaïz organisera, les 11 et 12 décembre prochain à la résidence des magistrats de Ben Aknoun, le Premier Séminaire national intitulé “La justice des mineurs”. Outre les exposés des experts juridiques et en matière des droits de l'enfant, plusieurs ateliers seront consacrés à la protection, la rééducation, la réintégration et la jurisprudence quant à la gestion des situations d'urgence dans la prise en charge d'un enfant mineur. Ce dernier, victime de drames familiaux, d'enlèvements, de trafics d'organe, de drogue, de détournements et de plusieurs formes d'abus (exploitation, déperdition scolaire, trafic d'enfant, frustrations, exclusion…), sera pour la première fois au centre d'un débat de fond. Un débat sans tabou où toutes les thèses se confondront pour chuter sur une conclusion utile, à savoir l'urgence de reconsidérer le statut de l'enfant mineur dans notre société. Et pour se faire, le ministère de la Justice fera appel à tous les acteurs censés maîtriser le sujet, d'une part, et aux érudits de la législation, d'autre part. Car, en fait, ce séminaire aura, pour la première fois, le mérite de poser la question, les vraies questions : qui est l'enfant mineur de nos jours et que devra faire l'Etat pour lui recouvrer sa dignité et ses droits les plus absolus ? De l'enfant mineur abandonné jusqu'à l'enfant mineur délictueux et récidiviste, en passant également par l'enfant mineur “bourré” et “manipulé”, donc victime de dogmes rigides des idéologies d'un autre âge, les participants à cette rencontre devront, en préalable pour son succès, aller au fond des choses pour définir les responsabilités (parents, école, société) avant de sanctionner ces ateliers par des recommandations. Pendant deux jours, les séminaristes mettront le paquet également sur les formes de solidarité et de prise en charge de l'enfant mineur, seule victime de tous les litiges. Et seule victime de tous les contentieux. FARID BELGACEM