Des intempéries sont venues clore la campagne pour les élections locales. Les quelques heures de pluie constituent un discours éloquent sur la gestion, notamment de la voirie, qui relève de la mission des collectivités locales. À Alger, espace emblématique de la gestion urbaine, l'on a pu, hier matin encore, mesurer la constance de la défaillance des services publics au spectacle d'une capitale une nouvelle fois embourbée. Après deux heures de pluie soutenue, Hussein-Dey était infranchissable, Bab El-Oued était navigable, un pont cédait sur une route périphérique, des véhicules étaient traînés par le courant à Frais-Vallon et une maison tombait à La Casbah. Pour ne pas faire de jaloux entre communes et entre responsables communaux et départementaux, disons qu'un peu partout dans la wilaya, les habitants et les passagers ont subi les nuisances d'une imprévoyance décidément chronique. C'est devenu la coutume dans le pays, au moindre supplément de pluviométrie, le surplus de pluie a aussi fait ses victimes : deux morts et huit blessés. Comme pour donner raison à la défiance populaire devant les appels au vote, comme pour dénoncer la vanité des discours devant la réalité d'un terrain superbement négligé à longueur de mandat, la pluie s'est invitée à la veille de la clôture de la campagne électorale. La récurrence des bilans catastrophiques provoqués par le plus petit caprice de la nature montre la frivolité avec laquelle les structures sont conçues, réalisées et entretenues. La veille, par temps clément, quelques camions-citernes neufs étaient exhibés, en pleines heures de pointe. Comme à Alger, c'est toute la journée l'heure de pointe, c'est donc la journée entière que ces camions-réservoirs se pavanaient dans les artères principales pour asperger d'eau des trottoirs étrangement revêtus de carreaux trop friables pour maintenir l'unité de dallage et rainurés pour mieux retenir la crasse. Ils mouillaient aussi quelques placettes que la dalle de sol transforme en patinoires les jours de pluie et de rare lavage. Les mêmes dommages, les mêmes désagréments, les mêmes angoisses se rééditent chez nous aux mêmes endroits et dans les mêmes circonstances. Pourtant, si les intempéries ne sont pas prévisibles, l'inconstance météorologique partout sur la planète est, elle, désormais établie. Il n'y a même plus l'excuse de la surprise. À chaque mandat, son lot de replâtrage des trottoirs, de remplacement des lampadaires et de badigeonnage de façades, mais les aménagements de fond et les solutions d'assainissement semblent loin de jouir de l'attention requise par l'urbanisme d'une ville de plus de trois millions d'habitants. Les mêmes observations ont été faites ailleurs en de malheureuses autres occasions. Que peut-on dire, donc, qui peut convaincre des administrés qui souffrent des infiltrations, des inondations et des éboulements, une wilaya et dans des communes, qui comme celles d'Alger, disposent de budgets faramineux. Le mauvais temps a parlé, malheureusement de manière tragique, puisqu'il a fait des victimes, pour les déçus d'une gestion mille fois décriée et de promesses mille fois trahies. C'était bien le moment de constater à votre tour l'incongruité de vos prétentions managériales et de ranger vos porte-voix. M. H. [email protected]