Le siège du tribunal de Maghnia ne semble pas être à la mesure de l'intense activité qui s'y déroule et ne répond plus depuis longtemps ni par sa structure ni par son implantation spatiale, encore moins par la disponibilité et le confort intrinsèque d'espace. De par la position frontalière de la région qui dépend de ce tribunal, en l'occurrence les 3 daïras de Sebra, Beni Boussaïd et Maghnia, le volume de l'activité du tribunal se voit inéluctablement multiplié à cause de cette situation particulière incitative aux délits et favorable au défi de l'interdit. Ainsi, à titre illustratif, 7 904 affaires pénales et 2 090 autres civiles y ont été traitées pour la seule période s'étalant du 1er janvier à ce jour, des chiffres record qui dénotent d'un rendement exceptionnel, notamment quand on sait que le tribunal dispose de maigres moyens humains et matériels. À ce titre, ce tribunal compte 13 magistrats seulement, dont 5 procureurs, 6 juges de siège et 2 juges d'instruction, ainsi que 37 greffiers pour toute la région qui compte plus de 200 000 âmes. L'urgence est ainsi relevée aussi bien pour la structure qui nécessite une délocalisation et plus d'espace que pour le moyen humain qui devrait, selon l'activité statistiquement toujours croissante, être plus étoffé. À ce titre, l'exiguïté des locaux semblent être l'une des entraves à la mission, car aussi bien les magistrats que les greffiers se voient, faute d'espace, partager des bureaux à 4, voire davantage. Malgré cela, l'activité a atteint un taux de 80,33%, lequel dans l'absolu, paraît normal, mais qui relativement est loin d'être négligeable avec le nombre de délits et crimes des plus élevés du pays. Par ailleurs, en complément des nouveaux équipements informatiques qui sont reliés au réseau du ministère de la Justice et qui permettent de disposer en temps réel à travers Internet des différentes informations, ce qui permet au citoyen et aux justiciables de disposer dans des temps record des pièces administratives, un guichet unique où seront fournis au citoyen tous les documents (casier judiciaire, nationalité, jugement…) ainsi que des informations relatives à des affaires enrôlées aussi bien au niveau de la cour de Tlemcen ou même à la Cour suprême. Ainsi, l'on relève pour la seule période précitée la délivrance de pas moins de 16 610 casiers judiciaires n°3, 5 762 casiers n°2 et plus de 6 000 nationalités. Par ailleurs, 343 affaires ont été passées devant les deux chambres que compte le tribunal de Maghnia qui se distingue ainsi par ces chiffres record. Malgré le manque d'espace et de moyens humains, le dévouement pour leur noble tâche est relevé chez le président du tribunal et le procureur de la République lesquels ne semblent ménager aucun effort pour mener à bien leur mission et ce, dans l'attente d'un nouveau tribunal pour lequel, signalons-le, un choix de terrain a été fait voilà plus de deux années, mais dont la réalisation reste utopique. Ammami Mohamed