Le président vénézuélien Hugo Chavez a déclaré, samedi, qu'il se sentait “trahi” par la décision de son homologue colombien Alvaro Uribe de mettre fin à la médiation dont il l'avait chargé dans l'affaire des otages en Colombie, et il a exigé des explications. “Je me sens trahi dans ma bonne foi. Cela va affecter les relations bilatérales”, a déclaré M. Chavez sur la chaîne de télévision d'Etat vénézuélienne VTV. “Uribe a rompu un engagement, il aurait dû m'appeler pour expliquer ce qui se passait. C'est très grave, et j'en prends note”, a-t-il dit. Le président Uribe a annoncé mercredi qu'il mettait fin à la médiation qu'il avait confiée à M. Chavez dans l'affaire des otages des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), la principale organisation de guérilla colombienne. M. Chavez avait déclaré vouloir œuvrer à la libération de 45 otages de la guérilla, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt et trois Américains, en échange de celle de 500 guérilleros des FARC emprisonnés par les autorités colombiennes. Mais M. Uribe a annulé le mandat de M. Chavez en lui reprochant un “manque de méthode” et de discrétion. Il l'a accusé d'avoir contacté directement au téléphone le commandant de l'armée colombienne, le général Mario Montoya, pour l'interroger sur les otages, alors qu'il l'avait instamment prié de ne pas le faire. Sur VTV, M. Chavez a reconnu le fait en déclarant que son entretien avec le général Montoya “n'avait pas duré une minute”, mais a estimé que l'annulation de son mandat de médiateur avait d'autres raisons. “Je dis au président Uribe qu'il devrait donner des explications”, a lancé le président vénézuélien. Sa décision “est une chose étrange, brutale, le résultat des pressions qui s'exercent sur lui”, a-t-il ajouté, sans préciser l'origine que pourraient avoir ces “pressions”. “Il y a des gens très proches d'Uribe, avec beaucoup de pouvoir, qui ne veulent pas l'accord humanitaire”, a-t-il seulement déclaré. Jeudi, semblant passer outre à la décision de M. Uribe, M. Chavez a une nouvelle fois demandé au chef des FARC, Manuel Marulanda, de lui adresser des preuves que les otages sont en vie. R. I./Agences