En se rendant aux Etats-Unis, où il a participé à la réunion de paix au Proche-Orient à Annapolis, le président de l'Autorité palestinienne a effectué une escale à Fès au Maroc, où il a passé la nuit pour consulter le souverain marocain. Au retour, Mahmoud Abbas s'est arrêté à Tunis, où il a eu des entretiens avec le chef de l'Etat tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, auquel il a fait un compte rendu de la conférence américaine. Ce plan de vol est pour le moins intrigant. C'est à croire que l'Algérie ne représente rien pour lui, ou ne figure pas sur la carte géographique qu'il consulte, en décidant de faire escale au Maroc et en Tunisie, pays limitrophes de notre pas à l'Ouest et à l'Est. Pourtant, Alger constitue un des plus solides et principaux soutiens de la cause palestinienne, comme en témoigne la célèbre phrase du défunt président algérien Houari Boumediene : “Nous sommes aux côtés de la Palestine, qu'elle ait tort ou raison.” Mieux, sur le plan financier, l'Algérie est l'un des rares pays à payer rubis sur l'ongle mensuellement sa contribution dans le cadre de l'aide qu'apportent les pays arabes et musulmans à la cause palestinienne, notamment dans le cadre de la Ligue arabe. Son soutien financier avoisinerait les 50 millions de dollars par mois. Tout cela sans oublier le sang algérien versé dans les différentes guerres israélo-arabes. Alger a de tout temps constitué une terre d'accueil pour les Palestiniens, la preuve, le conseil législatif palestinien (le Parlement) a vu le jour dans la salle de conférences du complexe de Club des Pins, à l'est de la capitale algérienne. Alors, que peut bien justifier le comportement de Mahmoud Abbas ? Boude-t-il Alger ? Une telle attitude ne trouve de justifications nulle part, d'autant plus que le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a participé à la conférence d'Annapolis, dans l'unique but de réaffirmer le soutien infaillible de l'Algérie au peuple palestinien. S'agit-il d'un manque de gratitude de sa part, ce qui paraît insensé, ou y aurait-il anguille sous roche ? La question mérite d'être posée, parce que le successeur du mythique Yasser Arafat n'a, à aucun moment, raté une occasion de louer la présence de nos dirigeants aux côtés de son peuple. K. A.