Depuis la fin novembre, le conflit ouvert opposant les résidents du CHU Oran à l'administration et à la faculté de médecine n'a encore trouvé aucune solution malgré la venue de représentants du ministère de la Santé, la semaine dernière. Dès lors, ce statu quo pousse aujourd'hui les résidents à annoncer un mouvement de protestation, qui prendra la forme d'un refus de suivre tous les stages pratiques à compter du 10 du mois en cours, et ce, au niveau de la quasi-majorité des services du CHU Oran ainsi que les autres services et structures extra-CHU Oran comme l'ophtalmologie, la pédiatrie. Soit plus de 500 résidents en tout sont concernés. N'étant pas constitués en syndicat du fait de leur statut, juridiquement ces derniers ne peuvent évoquer le mot “grève”, ce qui ne les empêche pas de se mobiliser jusqu'à la “satisfaction de nos droits c'est-à-dire la levée de suspension des 5 résidents et la non-obligation de faire des gardes aux UMC, et la fin des brimades et autres pressions” qu'ils subissent depuis le début du conflit, comme nous l'ont expliqué plusieurs d'entre eux. “Nous avons été plusieurs pour demander une attestation d'inscription afin de renouveler nos sursis militaires, on ne nous l'a pas donnée, d'autres collègues attendent depuis des semaines le O.K. pour leur transfert, là aussi aucune réponse. C'est inadmissible, c'est de l'intimidation maquillée”. Et de poursuivre : “Nous avons consulté un avocat qui nous a confirmé la justesse de notre position !” Pour rappel, 5 résidents du CHU Oran ont été suspendus par le conseil de discipline, le 18 octobre dernier, pour une durée d'un mois, pour avoir refusé d'assurer des gardes aux urgences médico-chirurgicales (UMC). Ce sont plus d'une vingtaine de résidents qui ont été destinataires d'avertissements, pour les mêmes motifs, et qui donc se trouvent à leur tour menacés de suspension. Dès le début, les résidents ont contesté des irrégularités dans le fond et dans la forme de cette affaire, s'appuyant sur des textes réglementaires, disent-ils, leur donnant raison. Ces derniers expliquent qu'il est inconcevable que des résidents de 9 spécialités (Anapat, la rhumatologie, l'épidémiologie, etc.) pour lesquelles il n'y a pas d'urgences soient contraints de faire des gardes d'urgence médicale qui sont “vitales”. Du côté de l'administration et de nombreux professeurs du CHU Oran, le discours est diamétralement opposé et non moins direct puisque, nous dit-on, “ce sont des étudiants en médecine et donc il va bien falloir qu'ils travaillent et assurent des gardes pour se confronter aux malades… Ils veulent devenir médecins sans se fatiguer !” La direction du CHU Oran nous a précisé que ces résidents ne se seraient pas seuls aux urgences, mais avec un médecin spécialiste. Enfin, chaque partie campe sur ses positions, mais dans ce conflit les résidents soulèvent un problème souvent passé sous le silence, c'est-à-dire celui du rapport entre ces derniers et leurs encadreurs dans les services ainsi que la question de l'organisation des soins, car au bout de la chaîne, il ne faut pas perdre de vue qu'il y a des patients et pour qui le diagnostic vital, notamment dans les services d'urgences. Affaire à suivre. F. Boumediene