L'introduction du vaccin contre le papillomavirus, responsable du cancer du col utérin en Algérie, nécessite du recul et des garanties scientifiques sur son efficacité, ont affirmé, hier, des praticiens aux 18es Journées pharmaceutiques nationales. “Nous n'avons pas suffisamment de recul pour pouvoir nous prononcer sur son efficacité (vaccin) et ses effets secondaires”, ont affirmé plusieurs praticiens, estimant que le pays ne représente pas un “champ expérimental”. Selon eux, les résultats de la vaccination ne sont connus que 20 à 30 ans après. Pendant ce temps, “il est à craindre que d'autres virus fassent leur apparition”, ont-ils averti. Le cancer du col utérin est la deuxième cause de mortalité chez la femme après le cancer du sein. Entre 2 500 et 2 600 femmes meurent chaque année en Algérie. Le vaccin contre le papillomavirus (HPV 16 et 18), cible les jeunes adolescentes âgées de 12 ou 13 ans. Pour le Pr Boughermouh de l'Institut Pasteur d'Algérie, le vaccin est certes “intéressant”, mais beaucoup de questions restent entières sur sa durée de vie. “Faudrait-il procéder à des rappels de vaccination par exemple”, s'est-il interrogé. “Ses effets sont tardifs et d'autres virus peuvent apparaître pour remplacer ceux de HPV 16 et 18”, a-t-il dit. De plus, pour toucher le maximum de sujets, la vaccination doit cibler les filles scolarisées, une tâche pas très aisées, “au regard du poids des préjugés socioculturels”, a-t-il expliqué, exprimant ses craintes quant au risque de démobilisation sur le dépistage des sujets à risque sous prétexte que le vaccin “a réglé tous les problèmes”. “L'idéal, soutiennent des praticiens, serait de combiner vaccin et dépistage des sujets à risque”. D'autres praticiens soutiennent “franchement” son introduction en Algérie, faisant remarquer qu'une telle campagne de vaccination protégerait entre 2,5 à 3 millions d'adolescentes contre le risque d'infection par le papillomavirus. Le cancer du col utérin surgit généralement à un âge avancé chez la femmes, entre 50 et 55 ans, rappellent les praticiens. Les premiers signes peuvent surgir à un âge plus jeune (30 ans). Un des facteurs de risque de ce type de cancer reste les mariages précoces et les grossesses répétées. D'autres praticiens n'ont pas manqué de soulever la question des coûts et gains, rappelant que la politique de vaccination est totalement supportée par l'Etat. Le vaccin contre le papillomavirus est commercialisé dans une vingtaine de pays, outre les Etats-Unis et le Canada. R. N./APS