En arrivant à la tête de la wilaya d'Alger, Mohamed-Kebir Addou s'était, au vu de la complexité des problèmes de la capitale, assigné des priorités visant à donner à cette dernière le visage d'une ville méditerranéenne. Assainissement, hydraulique, travaux publics, éclairage, aménagements et réaménagements sont inscrits dans son agenda. Des insuffisances ont encore la peau dure, certes, mais Alger ne s'est pas construite en un jour. Liberté a pénétré les services de la wilaya pour révéler à ses lecteurs la manière, mais surtout la réalité du terrain. Le vieux bâti étant d'actualité eu égard aux dernières intempéries, nous entamons notre enquête par ce dossier. En mars 2006, le siège du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme a abrité une séance de travail qui a réuni les walis d'Alger, d'Annaba, de Constantine et d'Oran autour du thème “La méthodologie sur la conduite de l'opération de diagnostic de l'état de vulnérabilité du vieux bâti dans ces grandes villes”. Cette approche devait, selon les responsables, se reposer sur une classification du bâti en fonction de son degré de vulnérabilité, devant toutefois tenir compte de la valeur architecturale ou historique du patrimoine en question. Qu'en est-il de la capitale ? Les inondations de Bab El-Oued (2001), le séisme qui a frappé Boumerdès et Alger (2003), les effondrements sporadiques constatés, les doléances multiples des citoyens signalant les dangers encourus par leurs habitations sont assez d'éléments qui ont plaidé en faveur d'une prise en charge efficiente et imminente du patrimoine ancien. “Les études menées sur la vulnérabilité d'Alger, montrant que des risques potentiels importants menacent la capitale, parmi lesquels notamment les séismes, les inondations et les glissements, à l'origine de nombreux effondrements de bâtisses, hôtels, réseaux d'assainissements (Bougara, Didouche-Mourad). Pour toutes ces raisons, l'administration de la wilaya d'Alger a initié une étude de diagnostics technique et sociologique sur le patrimoine immobilier de l'hyper centre d'Alger”, déclare le directeur du logement, Mohamed Smaïl. En 2005, une étude nationale faite dans ce cadre précise que sur 5 900 000 logements que compte le parc, près de 2 millions d'unités, soit 33,9%, sont construites avant 1962 parmi lesquelles 800 000, soit 41,07%, connaissent un état de délabrement avancé. Dans la capitale, 56% du patrimoine immobilier doit être conforté et 7% des ouvrages gérés par les OPGI sont à démolir. Le système d'information géographique est né Sur un total de 465 000 logements que compte la wilaya d'Alger, 21 780 bâtisses sont ciblées par ledit diagnostic, dont 80% sont répertoriées. L'identification exhaustive du patrimoine, son histoire, son état actuel et les pathologies qu'il présente, son affectation (logement, équipement) constituent une phase qui doit aboutir à l'établissement d'une fiche d'identification par immeuble, traitée par le biais d'un système d'information géographique (SIG), et à un classement distinguant le degré de dégradation de chaque immeuble (légère, moyenne, forte ou immeuble menaçant ruine). Le SIG mené par une équipe pluridisciplinaire se fera en quatre phases opérationnelles, à savoir l'investigation de l'état des lieux (élaboration des supports cartographiques et localisation sur plan des bâtisses situées dans le périmètre de l'étude, estimation de bâtisses à enquêter), la collecte des données et l'élaboration des supports cartographiques, dont le dispositif mis en place par une démarche méthodologique devant permettre des contacts avec les APC, et le recours à l'image satellitaire à très haute résolution avec une vectoration automatique. La cartographie sera couplée à une seconde série de cartes, celle de l'ONS (statistiques), utilisée dans le cadre du recensement général de la population et de l'habitat (RGPH), et enfin l'estimation du nombre de bâtisses à enquêter. Les supports cartographiques concernent l'ensemble des communes de l'hyper centre d'Alger : El-Harrach, Hussein Dey, Belouizdad, Sidi M'hamed, Alger-Centre, La Casbah, Bab El-Oued, Oued Koriche, Raïs Hamidou, El-Mouradia, El-Madania, Bologhine, Kouba et El-Biar. On est passé à côté d'une catastrophe Les dernières intempéries, qui ont touché particulièrement la région de Zéralda, n'ont pas manqué de susciter la colère de certains habitants. Y a-t-il eu prise en charge réellement avant que les inondations ne fassent des dégâts ? Pour Mohamed Smaïl, on est passé à côté d'une grande catastrophe, avec justement le relogement de plus de 250 familles au niveau du site 1 000-Logements. Ces familles habitaient, en effet, le bidonville situé aux abords de l'oued Bab El-Oued qui a connu d'importantes crues le 25 novembre dernier. À la suite du déplacement du Chef du gouvernement sur les lieux, au lendemain des inondations qui ont touché plusieurs sites, le wali d'Alger a programmé une sortie en compagnie de ses proches collaborateurs pour recenser les dégâts et instruire les directeurs concernés pour la prise en charge des doléances des familles. Les habitations qui ont subi des dommages ont été aussitôt prises en charge, chacune selon l'évaluation des dégâts, au niveau de Sidi Menif (218 et 150 logements), haï Bab El-Oued. En tout, ce sont quelque 80 familles touchées. De même qu'au niveau du massif de Bouzaréah, des travaux de gabionage, de géotextile et de forestration ont permis de retenir le charriage des terres et d'assurer en amont une retenue des eaux ainsi que tous les éboulements des terres. Cette correction torrentielle a ainsi permis d'éviter une véritable catastrophe en aval de l'oued Deux Moulins. Les travaux ont été réalisés par la direction des forêts de la wilaya d'Alger. Notons que le nombre d'immeubles réhabilités pour les 14 communes de la wilaya d'Alger suite aux effets du séisme du 2 mai 2003 est officiellement de 3 071 bâtisses, soit 39 129 logements. Le nombre de bâtisses démolies durant les 4 dernières années est de 555 logements alors que 130 sont programmés pour le 1er trimestre 2008. Dans le cadre du relogement (traitement de l'habitat vulnérable), il faut savoir que 4 094 familles y ont bénéficié, dont 3 473 venant des 65 sites de bidonvilles ont été traitées durant la même période (2004-2007) et 621 familles des immeubles menaçant ruine. ALI FARÈS