Ce pays est un continent qui a décollé et qui est en passe d'atterrir dans l'espace réservé des galaxies post-industrielles. Le Brésil est certainement la patrie du football puisqu'il fournit à tous les supporters, à tous les stades du monde “les meilleurs de ses footballeurs”. Depuis des décennies, les Brésiliens font la gloire des championnats et des coupes européennes et américaines. Aujourd'hui, le Brésil, c'est cela et aussi plus que cela. C'est un continent qui a décollé et qui est en passe d'atterrir dans l'espace réservé des galaxies post-industrielles. Cela veut dire que le Brésil est le pays qui possède et veille sur l'Amazonie, ce poumon de l'humanité, et qui a la chance de jouir du plus grand fleuve de la planète par l'étendue de ses bassins, le nombre d'affluents et par les volumes des eaux débitées. Il est aussi le pays où quand il pleut sous nos latitudes, il fait bon vivre à Rio de Janeiro. Avec une population d'environ 190 millions d'habitants, le Brésil est presque un continent qui s'étale sur plus de 8,5 millions de km2. Le pays s'étend de la zone équatoriale au tropique du Capricorne sur une surface qui connaît tous les climats, du plus aride ou semi-aride du Nordeste (Nord-Est) aux terres humides et fertiles du Sud. Cette diversité loin d'être un handicap est plutôt une richesse et un motif de fierté des Brésiliens. Au cours de ce voyage qui nous mena, Rezki Chérif et moi-même, d'Alger à Brasilia via Sao Paulo, nous avons pu mesurer l'immensité de cette terre, et ce n'était que le début d'un périple qui nous amènera à Petrolina, une ville surgie d'une terre qui n'a rien à voir avec le pétrole, mais beaucoup à voir avec de colossales réserves d'or bleu qui coulent dans ses veines. Une autre fierté pour les habitants de la région. Une autre histoire de bâtisseurs d'Eden. Mais revenons à Brasilia, une ville surgie du néant. L'idée d'édifier une capitale à l'intérieur du pays remonte au XVIIIe siècle ; elle est également mentionnée dans la Constitution rédigée en 1891. C'est finalement en 1957, au cours du mandat du président Juscelino Kubitschek, que la construction de cette ville nouvelle est entreprise. Bâtie sur un plateau à 1 100 mètres au-dessus du niveau de la mer au centre du pays, elle devait être à équidistance des grandes villes brésiliennes pour constituer la capitale du pays. D'une architecture avant-gardiste ou futuriste, la ville a été conçue suivant un plan directeur urbain proposé par l'architecte et urbaniste Lucio Costa. Les principaux édifices gouvernementaux ont, quant à eux, été réalisés par le célèbre architecte Oscar Niemeyer, celui-là même qui a fait les plans de l'université de Constantine. Quant à l'aménagement de l'espace et des jardins, il fut l'œuvre de Roberto Burle Marx. Cette nouvelle capitale est inaugurée le 21 avril 1960. Aujourd'hui, Brasilia, même si son style n'a pas été renouvelé ailleurs, est bien une belle capitale, embellie d'un lac type “lac Léman” avec une eau limpide, non polluée, lui donnant un air de quiétude et de tranquillité. En revanche, l'intérieur des institutions de l'Etat fédéral, dont j'ai pu visiter certaines d'entre elles, le temps est à la compétition et à la performance. Les jeunes cadres et managers qui nous ont parlé de leur pays l'ont fait avec brio et en toute franchise, ne dissimulant ni les faiblesses ni les avancées. Invités par des ambassadeurs avec rang de ministres à un déjeuner, dans un cadre sympathique, la conversation a tourné autour des grandes questions qui agitent le monde. Sur bien des problèmes, les positions du Brésil et de l'Algérie sont similaires, quant elles ne sont pas identiques. C'est dire que cette convergence est en mesure de peser d'un poids certain au niveau international. Les diplomates ont conscience de cette ligne stratégique. Dans cette délégation fort aimable, il y avait un Brésilien d'origine libanaise qui nous révéla qu'il y avait au Brésil une population d'une dizaine de millions d'origine arabe, notamment libanaise et syrienne, parfaitement intégrée dans la société. Ce qui démontre que les origines comptent peu et que seul le dévouement et l'amour du pays sont des référents fondamentaux. Le Brésil n'est-il pas lui-même une terre d'accueil, et la quasi-totalité des Brésiliens des émigrés ? En route pour Petrolina, pardon en vol pour cette ville située à plus de 1 000 km au nord de Brasilia, nous mesurons encore une fois l'étendue du pays. Le but du voyage est de nous montrer comment transformer des plateaux arides ou semi-arides en d'immenses territoires verdoyants et très productifs. La magie de l'or bleu, l'immensité des terres, l'intelligence des chercheurs et la force des bras des travailleurs dans une alchimie surréaliste ont réalisé le miracle. Le miracle de rendre des sols stériles en terre fertile où la production a été démultipliée. Le génie de l'homme a fait éclore des fruits là où la nature n'a laissé pousser que de la broussaille et des arbustes sans intérêt économique ou écologique. Au Nordeste, dans ce plateau quasi-désertique, la rivière Sao Francisco est un bienfait de la nature qui a permis de mettre en place le plus important réseau d'irrigation dans le pays. Sur des centaines de milliers d'hectares sont creusés des canaux, créant un enchevêtrement merveilleux où coule une eau cristalline presque pétillante pour étancher la soif des vastes champs de canne à sucre et de grandes exploitations d'arbres fruitiers. Le système d'irrigation par pivot est très largement utilisé comme celui de la technique du goutte-à-goutte. Des méthodes qui ont fait leurs preuves dans d'autres pays. Il faut signaler qu'il existe aussi dans cette région de petits agriculteurs qui exploitent leur parcelle de terre avec la même détermination que les propriétaires des grands domaines. Ici les fructiculteurs sont heureux : plusieurs productions par an, des fruits de haute qualité nutritive très appréciés aussi bien sur le plan national qu'international. Dans ce domaine, l'exemple de M. Suemi Koshiyama est presque un conte de fée. Une histoire qui conforte la légende de la réussite que l'on vous racontera avec un réel plaisir. Dans le champ ou à Valexport. A. O. (Suite du reportage dans l'édition de demain)